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Présentation de l'auteure

Née à Paris en 1962, mère de sept enfants, Nathalie Roques a suivi des études de Chimie (thèse de doctorat) et de Mathématiques (Capes). Elle a participé à la création de l'association Information Pour l'Allaitement (IPA) en 1996 et à la Coordination Française pour l'Allaitement Maternel en 1999, et a notamment mis en place la Semaine Mondiale de l'Allaitement Maternel en France à partir de 1998. Elle est actuellement  responsable depuis 2003 du Centre de Ressource Documentaire pour l'Allaitement Maternel (CERDAM).

Auteure du livre "Au sein du monde", 2001, "Dormir avec son bébé", 2002, L'Harmattan, et "Allaitement maternel et proximité mère-bébé", Eres, 2003.
Un livre grand-public est en cours de publication.

 

Témoignage sur le sommeil partagé, publié dans Allaiter Aujourd'hui, publication de La Leche League

A la naissance de mon premier enfant, je ne me posais aucune question quant à la façon de l'élever et en particulier concernant son sommeil: il me paraissait normal qu'un bébé fasse ses nuits plus ou moins rapidement, et il ne me serait pas venu à l'idée de dormir avec lui. Je n'avais jamais vu ni entendu parlé de bébé dormant avec ses parents dans mon entourage. Mes deux premiers enfants n'ont été allaités que 4 mois, et avaient chacun leur propre lit (berceau, lit d'enfant à barreau puis lit " de grand "). Cela a été encore le cas de mes deux suivants, allaité 1 an et deux ans respectivement. Ils se sont souvent réveillés la nuit, et je garde le souvenir des réveils de mon quatrième enfant jusqu'à 18 mois : je me levai alors, pour lui donner à téter, puis je le recouchais dans son lit, et moi je retournais dans le mien. Les endormissements ont toujours été " difficiles ", qu'ils soient allaités ou non (je garde là aussi le souvenir de longues soirées passée assise à la porte de la chambre de mes deux aimés, qui m'ont laissées le loisir de tricoter puis de broder un magnifique pull). Durant l'allaitement, mes enfants s'endormaient évidemment plus facilement au sein. J'avais l'impression d'avoir des enfants pas tout à fait dans la norme, et je pensais sincèrement que normalement, un enfant devait " faire ses nuits " à partir de 3-4 mois.

Mon cinquième enfant, Camille, est née alors que je m'étais déjà engagée dans le soutien à l'allaitement. La rencontre de mères qui dormaient parfois ou souvent avec leur enfant à l'association Galactée, la lecture du livre de W. Sears, m'ont alors littéralement ouvert les yeux. Pendant la grossesse, j'ai parlé à mon mari des bienfaits du sommeil partagé, en évoquant entre autre l'effet protecteur contre la MSN. Camille a passé le premier mois dans son berceau contre notre lit. Au bout de ce mois, je me suis rendu à l'évidence : mon mari ne souhaitait pas passer ses nuits à côté d'un bébé dont les bruits de succion le gênait pour dormir. Camille a alors passé ses nuits sur un matelas, dans une pièce à côté de notre chambre. La nuit je la rejoignais à son premier réveil, et je me rendormais avec elle. Je m'étais installé un futon, que je dépliais tous les soirs : un peu comme si tout ça n'était que provisoire et pas vraiment souhaité. Nous avons " fonctionné " ainsi jusqu'à ce que je mette au monde mon sixième bébé. Durant les deux premiers mois suivant la naissance, je dormais, toujours sur le futon (qui restait déplié cette fois), entre ma fille et le bébé. Puis j'ai écarté un peu le matelas de Camille qui ne tétait plus. Sa grande sœur est ensuite venue la rejoindre dans cette chambre, et je me suis installé avec mon bébé dans une autre pièce, avec un autre enfant (Maxime, qui a 6 ans et demi). Avec, cette fois, un vrai matelas " définitif ". Je me partage donc entre deux lits : celui de mon mari, où je commence ma nuit, et celui de mon bébé, où je rejoins mon bébé dès son premier réveil. Il arrive parfois à Camille de se réveiller la nuit : son père la prend alors avec lui dans son lit ; elle s'endort également systématiquement dans notre lit (" le lit de papa " pour elle, que diraient les psys ?), et nous la portons après dans le sien. Cette solution m'a permis de satisfaire le besoin de tranquillité de mon compagnon, qui finalement accepte de temps en temps de prendre avec lui sa fille, le besoin de sécurité de mon bébé et mon désir de passer du temps avec ces deux " hommes de ma vie ". J'endors bien sûr toujours mon bébé au sein (quoiqu'il lui arrive de ne plus vouloir téter et de s'endormir tout simplement contre moi), véritables moments de détente que j'apprécie énormément : il m'est d'ailleurs souvent arrivé de m'endormir involontairement. J'ai pu découvrir le plaisir immense que l'on peut avoir à dormir avec un jeune enfant : le sentir se serrer conte soi, le laisser téter sans pratiquement se réveiller, et recueillir son premier sourire du matin. C'est bien sûr avec regret que je pense à tous ces moments que j'ai raté avec mes aînés (sans parler de la fatigue à se lever, se recoucher,…). Et c'est avec plaisir aujourd'hui que je rassure les mères qui me demandent si elles font bien de s'endormir avec leur bébé. Je suis convaincu que le sommeil partagé mère-bébé est indispensable pour faciliter l'allaitement : tant que notre société découragera cette pratique (je trouve tout de même que l'étau se desserre aujourd'hui), les mère seront fatiguées et l'allaitement sera perçu comme contraignant. Alors que c'est tellement simple, pratique et agréable de donner une tétée en s'endormant !

 

Extraits d'un manuscrit en cours de publication (2003)

Mes expériences nocturnes

 

J’ai passé de mauvaises nuits avec mes deux premiers enfants : ils s’endormaient difficilement, se réveillaient la nuit fréquemment. Je les rendormaient en les berçant dans leur lit, en les prenant dans mes bras, en restant à leurs côtés. Pour Mathilde et Maxime, les choses étaient plus simples, car l’allaitement me permettait de les apaiser rapidement : ils se réveillaient une ou deux fois, tétaient, et se rendormaient. Et finalement, ils étaient plutôt des « bons dormeurs », selon notre définition occidentale. Avec Camille et Marin, j’ai inauguré ma période « cododo » : je dormais avec eux dès leur premier réveil (ils dormaient dans une autre pièce que notre chambre conjugual, mon mari ne souhaitant pas avoir ses enfants à côté de lui) jusqu’au matin. Et j’ai découvert le plaisir de rester près de mes bébés, de profiter des tétées allongée, à moitié endormie. Ils ont tété la nuit jusqu’à leur sevrage, mais ce n’était vraiment pas un problème pour moi. Nous avions trouvé là notre fonctionnement familial qui convenait à tout le monde.

 

 

La fin du co-sleeping pour mes enfants

Camille et Marin, mes deux enfants « co-sleeping », ont tous les deux, progressivement, abandonné ce comportement autour de trois ans. Je les ai accompagné dans cette séparation avec patience, en acceptant avec plaisir les retours en arrière. En fait, dormir avec mes deux derniers enfants n’a jamais été source de problème pour moi, et je n’ai jamais fait du sommeil solitaire un objectif prioritaire (même si j’ai apprécié les nuits sans réveil quand elles sont arrivées). Camille et Marin se sont sevrés du sein vers trois ans, et à partir de ce moment, leurs réveils ont diminué tout comme leur besoin de présence maternelle. Camille n’a plus tété à partir de la naissance de son frère Marin (elle avait deux ans et neuf mois), car je ne souhaitais pas me lancer dans un co-allaitement. En même temps, j’ai un peu écarté son petit matelas du mien, et quand elle se réveillait encore la nuit, je la calmais de la voix. Quand elle a eu trois ans, sa grande sœur Mathilde est venue la rejoindre dans la chambre, et moi je suis partie avec Marin, alors âgé de trois mois, dans la chambre de Maxime (5 ans). Mathilde avait alors 7 ans, et elle a très gentillement accepté de dormir aux côtés de sa sœur : leur deux matelas collés l’un à l’autre, je les ai plusieurs fois retrouvées endormies dans les bras l’une de l’autre. Camille a continué à se réveiller de temps en temps la nuit et à réclamer une présence parentale : c’est alors vers son père qu’elle se déplaçait et elle finissait souvent la nuit avec lui. Comme je passais une grande partie de ma nuit avec Marin, dans une autre pièce, ils avaient un grand lit pour eux seuls. Cela n’empêchait pas Camille de beaucoup bouger et de gêner parfois son père qui la ramenait alors dans son lit. Aujourd’hui, elle a six ans. Elle dort sans aucune difficulté dans son grand lit (un lit superposé est venu remplacé les deux matelas), où elle aime bien lire et s’endormir. Elle revient de temps en temps le dimanche matin dans notre lit, mais cela commence a devenir de plus en plus rare. Pour Marin, les sevrages du co-sleeping et du sein ont été simultanés. Les tétées se sont raréfiées quand je suis tombé enceinte (voir chapitre précédent). En diminuant la fréquence des tétées nocturnes, les réveils se sont également espacés. Quand il a été définitivement sevré, à trois ans, il a continué tout de même de m’appeler la nuit pendant quelques semaines. Mais c’était souvent vers 5-6 heures. Je m’allongeais à ses côtés et nous nous rendormions ensemble. Il s’endormait le plus souvent dans notre lit conjugal (il appelait cela faire un « petit dodo »), de préférence avec moi, puis de plus en plus souvent seul. Ou bien dans son grand lit, avec moi. Et puis un soir je lui ai proposé de se coucher dans son lit, et d’attendre que je mette mon pyjama et le rejoindre. Quand je suis revenue, il dormait. Le lendemain, je lui ai dit la même chose : « à tout à l’heure ». C’est comme cela qu’il a commencé à s’endormir seul. Bien sûr, il lui arrive encore de trouver le sommeil dans notre lit, et si certaines nuits se font sans aucun réveil, il m’arrive encore parfois d’aller le rejoindre vers deux ou trois heure s’il m’appelle et me réclame. Mais de plus en plus souvent, quand il se réveille, je ne fais que passer, lui donne un verre de jus d’orange, et il se rendort tout seul. De toutes façons, cela reste pour moi un plaisir de m’allonger contre mon petit dernier, même s’il a déjà trois ans ! Profitons de ces moments qui passent trop vite (oui, Thomas, mon fils de 15 ans, ne voudrait pour rien au monde voir sa mère débarquer dans son lit, et je ne le voudrais d’ailleurs pas non plus).