▌
▌ ▌
▌
Homepage
Accueil ABM Ball McKenna (1) McKenna (2) Dossiers Allaitement
| |
-
-
Allaitement et partage du lit.
- Toujours
utile (et important) après toutes ces années
-
-
- Mothering, septembre-octobre 2002
-
- Des mères et des bébés qui dorment côte à
côte, ou encore le « cosleeping », telle est la façon de dormir pour le
nourrisson humain, développée par l’évolution.
Jusqu’à une époque très récente et pour tous les êtres humains, cela
a constitué une nécessité pour la survie du nourrisson ; pour la majorité
des gens aujourd’hui, en dehors des pays industriels occidentaux, cela l’est
toujours. Parce que le corps du nourrisson humain continue de n’être adapté
qu’au corps de sa mère, le cosleeping accompagné de tétées nocturnes reste
cliniquement efficace et potentiellement sauveur de vie.
-
- De tous les mammifères, les
humains naissent avec la plus faible maturité neurologique (25 % de la
taille du cerveau adulte), se développent le plus lentement, et restent
dépendants le plus longtemps d’un soutien nutritionnel, social et
environnemental, ainsi que pour leurs déplacements. En fait, dans les phases
précoces de l’enfance humaine, les soins sociaux sont synonymes de
régulation physiologique. C’est-à-dire que porter, transporter, et/ou
caresser un nourrisson, émettre des odeurs et respirer dans sa proximité,
conduit à une augmentation de la température de son corps, une diminution
des pleurs, une plus grande variabilité du rythme cardiaque, moins d’apnées,
un niveau de stress moins élevé, un stockage plus important de glucose, et
une meilleure croissance journalière (1).
- De plus, dans la mesure où le
lait humain est relativement peu riche en graisses et protéines et qu’il
contient beaucoup de sucre rapidement métabolisé, et où le nourrisson humain
est incapable de se déplacer seul, un contact et un portage permanents
accompagnés de tétées fréquentes le jour et la nuit, sont nécessaires. Par
conséquent, toute les études scientifiques biologiques qui cherchent à
définir les modalités du sommeil du nourrisson « normales » et spécifiques
de l’être humain, sans considérer le rôle vital du contact nocturne se
traduisant par l’allaitement et la proximité maternelle, doivent être
considérées comme inadéquates, erronées, et/ou fondamentalement biaisées
(2).
-
- Cosleeping : l’importance
des distinctions taxonomiques
- La plupart des controverses
qui concernent la question de la sécurité du cosleeping mère-nourrisson
mettent en jeu les façons dont les chercheurs définissent et conceptualisent
ce terme. Le cosleeping n’est pas, comme le considère la Consumer Product
Safety Commission
(CPSC), une pratique unique et cohérente. Il serait préférable de le
considérer comme un terme générique, une classe particulière d’arrangements
du sommeil composée de plusieurs types de pratiques, chacun d’entre eux
requérant une description propre et une caractérisation avant que la
question de la sécurité et de ses conséquences puissent être comprise.
- Un environnement sûr pour pratiquer le cosleeping doit
fournir au nourrisson l’opportunité de « sentir » et de répondre aux signaux
de la personne qui en est responsable, comme l’odeur de sa mère, les bruits
de sa respiration, ses mouvements, les propos qui lui sont adressés, les
invitations à téter, les contacts cutanés, et tous les stimuli sensoriels
« cachés », intentionnels ou non. De plus, pour être désigné comme « sûr »,
l’environnement social et physique du cosleeping doit impliquer un
responsable volontaire et actif qui choisit de dormir avec le nourrisson
pour s’en occuper, le nourrir ou être proche de lui dans le but de le
surveiller ou de le protéger.
- L’environnement du cosleeping
doit également être soigneusement aménagé pour éviter toutes les situations
dangereuses révélées par des études épidémiologiques récentes. Ces
situations dangereuses incluent le fait de dormir avec un nourrisson sur un
canapé, de partager le lit avec une mère fumeuse, et d’installer des jeunes
enfants à côté du nourrisson. Les parents ou responsables à la vigilance
diminuée par la consommation de drogues ou d’alcool, créent un environnement
de cosleeping dangereux. Dormir avec une personne présentant un surpoids sur
un matelas mou, ou dormir sur de grands coussins dans un lit avec un de ses
parents, constituent pour le nourrisson d’autres environnements de
cosleeping dangereux (5-7).
- Alors que toutes les formes de partage de lit sont des
exemples de cosleeping, le partage de lit n’est qu’une pratique de
cosleeping parmi peut-être des centaines d’autres à travers le monde. Par
exemple, certains parents en Amérique latine, aux Philippines, au Vietnam,
dorment avec leur nourrisson dans un hamac, ou placent leur nourrisson dans
un hamac pour dormir à leurs côtés, quand eux dorment sur des nattes ou des
lits. Certains parents installent leur enfant dans un panier d’osier et
placent ce panier sur le lit entre les parents. D’autres dorment à côté de
leur nourrisson sur des nattes de bambou ou de paille, ou sur des futons
(comme au Japon). D’autres encore placent leur nourrisson dans un berceau, à
portée de main ; ou font du cosleeping en partageant la même chambre, avec
le nourrisson dormant sur une autre surface, comme un berceau ou un moïse
placé à côté du lit des parents, toujours à portée de main.
-
- Le cosleeping n’a
pas perdu son utilité biologique
- Bien que les environnements de sommeil pour le nourrisson
varient énormément d’une culture à l’autre, les effets potentiellement
bénéfiques du contact maternel durant le sommeil sur la régulation
physiologique des nourrissons humains, eux, ne varient pas. Un nouveau-né
humain peu perdre jusqu’à un degré de température quand il est enlevé du
ventre de sa mère après la naissance, y compris s’il est placé dans un
incubateur avec une température ambiante voisine de celle du corps de la
mère (8). Richard a trouvé que pour des nourrissons âgés de 11 à 16
semaines, la température moyenne prise sous l’aisselle de ceux qui dormaient
seuls était inférieure à celle des nourrissons allaités et partageant le lit
de leur mère (9). Thomas et Graham ont découvert que même des nounours en
peluche dotés d’une respiration mécanique et placés à côté de nouveau-nés
humains sujets à avoir des apnées, diminuaient le nombre d’apnées de 60 %,
et de plus incitaient les nourrissons à dormir à leur contact direct (10).
De plus, des prématurés et des nouveau-nés nés à terme placés sur la
poitrine de leur mère (ou de leur père), en contact peau-à-peau, respirent
plus régulièrement, utilisent leur énergie plus efficacement, grossissent
plus vite, et connaissent moins de stress (11 – 13).
-
- Les observations cliniques
dépendent de la façon dont le cosleeping est pratiqué
- La manière dont le cosleeping
présente un risque ou un bénéfice pour le nourrisson dépend de
l’environnement social et physique particulier (circonstances familiales)
dans lequel il est pratiqué. C’est pourquoi il n’y a pas une seule variable
observée associée avec les formes de cosleeping, particulièrement dans les
cultures occidentales, et c’est pourquoi il y a tant de débat autour de la
question de savoir si le cosleeping, et particulièrement le partage du lit,
est une pratique sure ou non.
- Par exemple, dans les
sociétés urbaines industrialisées, parmi les familles de classe moyenne et
supérieure où l’allaitement et le partage du lit sont pratiqués par des
mères non fumeuses, la mortalité infantile, incluant la mortalité par MSN,
est faible. La plus récente étude concernant les pratiques de soins aux
nourrissons en relation avec les taux de MSN, conduite par le SIDS Global
Task Force,
montre clairement que des taux bas de MSN sont associés avec les taux les
plus importants de cosleeping/partage du lit (voir schéma 1).

- Durant la dernière rencontre
internationale sur la MSN à Auckland, en Nouvelle Zélande, Sankaran et al.
ont présenté des données recueillies au Saskatchewan, au Canada, montrant
que quand l’allaitement et une forme de cosleeping cohabitaient, les décès
par MSN étaient réduits (14). Cette découverte est cohérente avec l’étude
effectuée en Afrique du Sud, indiquant que les bébés qui partagent le lit
des parents ont un taux de survie supérieur aux bébés qui dorment seuls
(15). A Hong Kong, où le cosleeping est la norme, le taux de MSN est l’un
des plus bas au monde (16,17). La même chose est vraie au Japon, où non
seulement le taux de mortalité infantile par MSN, mais également le taux de
mortalité infantile globale, sont parmi les plus bas du monde, selon le
rapport 1999 de la Japan SIDS Family Organization
(18). De plus, comme le montrent les schémas 2 à 5, durant une période de 4
ans au Japon, alors que le tabagisme maternel a diminué et que
l’allaitement, le partage du lit, et le couchage des nourrissons sur le dos
ont augmenté, le taux de MSN a diminué – exactement ce que des opposants au
partage du lit auraient prédit.




- Dans de nombreuses autres
cultures asiatiques où le cosleeping est la norme, incluant la Chine, le
Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande, la MSN est soit inconnue, soit rare
(19 – 21). Dans une étude conduite en Australie, une mère immigrée
vietnamienne interrogée sur la MSN, dont elle ne connaissait rien, a répondu
que « la coutume d’être à côté du bébé doit prévenir ce genre de maladie.
Quand vous dormez avec votre bébé, vous dormez toujours légèrement. Vous
remarquez si sa respiration change … Les bébés ne devraient pas être laissés
seuls ». Une autre mère vietnamienne a ajouté que « les bébés sont
trop importants pour être laissés seuls, sans personne pour les surveiller »
(22).
- Sur 40 femmes chinoises
interviewées à l’Hôpital universitaire de Guagzho par la chercheuse
Elizabeth Wilson, plus de 66% des nouvelles mères avaient l’intention de
faire dormir leur nourrisson avec elle dans le lit conjugal, les autres
ayant l’intention de placer leur nourrisson à côté de leur lit. Une de ces
mères est tout à fait représentative quand elle assure que le bébé « est
trop petit pour dormir seul » et que le cosleeping « rend les bébés
heureux » (23).
- Au contraire, dans des
sous-groupes urbains occidentaux, le cosleeping est associé avec un risque
augmenté pour les nourrissons, particulièrement, mais pas exclusivement,
quand il se déroule en association avec un tabagisme maternel, la
consommation de drogue ou d’alcool, des styles de vie chaotiques, un manque
d’éducation et de moyens, le sommeil en position ventrale, et d’autres
facteurs dangereux (24). Par exemple, les morts associées au partage du lit
(qui souvent et de façon erronée incluent les morts associées au couchage
sur un canapé dans la base de donnée du CSP) sont particulièrement élevées
parmi les Afro-américains pauvres habitant dans de grandes villes comme
Chicago, Cleveland, Washington D.C et St Louis – les quatre villes à partir
desquelles les données sont utilisées pour argumenter contre la sécurité de
tout cosleeping, sans aucune considération pour les circonstances (25,26).
De plus, des études épidémiologiques montrent clairement à travers les
cultures que parmi les groupes indigènes économiquement défavorisés, comme
les Maori de Nouvelle-Zélande, les Aborigènes d’Australie, les Cree au
Canada, les Aleuts en Alaska, le partage du lit et d’autres formes de
cosleeping peuvent être associés également à une augmentation du risque pour
les nourrissons et augmentent la mortalité infantile (27,28).
- Le SIDS Global Task Force
tient compte de ces différences dans les observations faites sur le partage
de lit d’une façon qui me paraît cohérente avec mon point de vue, en
s’intéressant à des facteurs comme le tabagisme parental, la consommation de
drogue ou d’alcool, la position sur le ventre sur un matelas mou, les
nourrissons dormant seuls sur un lit d’adulte avec des espaces ou des
rebords autour du cadre du lit, ou entre le matelas et un mur ou autre, des
accessoires de literie dangereux, ou utilisés de façon dangereuse, et des
nourrissons dormant à côté de jeunes enfants ou sur un canapé avec des
adultes obèses.
- Peut-être est-il préférable
de conceptualiser les données relatives au partage du lit en terme de
continuum risque/bénéfice (voir schéma 6). Par exemple, si les mères
décident de dormir avec leur bébé pour s’en occuper ou l’allaiter, et sont
informées sur les précautions à prendre pour sa sécurité (par exemple
utilisent des matelas fermes, ne couvrent pas leur nourrisson, le placent
sur le dos, etc.), on peut s’attendre à ce que le partage du lit soit
protecteur, ou réduise le risque de MSN. Mais quand le partage du lit n’est
pas choisi comme une stratégie pour s’occuper d’un nourrisson mais plutôt
par nécessité parce qu’il n’y a pas d’autre endroit où poser le bébé, et que
les mères fument, prennent des drogues et ne placent pas un adulte entre le
nourrisson et un jeune enfant qui partagent le même lit, une augmentation du
risque de MSN ou d’asphyxie peut être prédit.

-
- Le sommeil solitaire des
nourrissons : une nouveauté historique
- Les émotions, élaborées par
la sélection naturelle et contrôlées par le système limbique de notre
cerveau, motivent les nourrissons et les enfants à protester contre leur
séparation des parents durant le sommeil par des pleurs. Ces émotions se
sont sans aucun doute possible développées pour modifier une situation qui
durant toute notre évolution a présenté un risque pour le nourrisson : être
séparé de l’adulte qui en prend soin (29).
- Ces dernières années, les
stratégies occidentales de puériculture ont favorisé l’autonomie précoce.
Les professionnels de santé apprennent aux parents qu’ils devraient
conditionner leur nourrisson à dormir seul durant toute la nuit, avec des
interventions parentales minimales, y compris en ce qui concerne les tétées
(selon certains donneurs de conseils, moins il y a de tétées, mieux c’est)
(30,31). Les parents sont encouragés par certains professionnels de santé à
« entraîner » leur nourrisson à « s’apaiser seuls pour retrouver
le sommeil ». Les personnes qui donnent des conseils sur le sommeil des
nourrissons disent que le nourrisson ne devrait pas être autorisé à
s’endormir au sein ou dans les bras de sa mère, même si c’est le contexte
dans lequel l’endormissement des nourrissons a évolué. Comme beaucoup de
parents l’attestent, ce conseil peut s’avérer extrêmement problématique.
- La peur exagérée de
suffocation de l’enfant pendant le cosleeping provient pour une part de
l’histoire culturelle occidentale. Au cours des 500 dernières années, de
nombreuses femmes économiquement défavorisées et habitant à Paris,
Bruxelles, Munich et Londres (pour nommer quelques localités) ont confessé
aux prêtres catholiques avoir tué leur nourrisson en l’étouffant de leur
corps, de façon à contrôler la taille de leur famille. Les prêtres ont
menacé d’excommunication, d’emprisonnement, d’amendes – et ont interdit les
nourrissons de lit parental (32,33).
- L’héritage de ce contexte
historique particulier au monde occidental converge probablement avec
d’autres changements de coutumes et de mœurs (l’accent mis sur l’intimité,
le fait de ne compter que sur soi et l’individualisme), qui ont donné des
fondations philosophiques à certaines croyances culturelles et poussé à
chercher (ou à établir) des dangers associés au cosleeping au lieu de se
pencher sur ses bénéfices. La prolifération à travers l’Europe de l’idée de
l’amour romantique, associée avec la conviction de l’importance de la
relation mari/femme, a également participé à la promotion d’espaces de
sommeil séparés. Cette séparation physique, essentiellement entre le père et
son enfant, a également été perçue comme favorisant la possibilité pour le
père de dispenser une formation religieuse et de jouer de son autorité
morale.
-
- Les arrangements de
cosleeping et de sommeil solitaire : effets sur les enfants
- Comme je l’ai déjà noté
ailleurs, les premières études publiées sur des personnes qui dorment avec
leur nourrissons contredisent les présupposés occidentaux selon lesquels le
cosleeping a des résultats sociaux, psychologiques, émotionnels négatifs
(34-36). Une étude transversale récente d’enfants issus de la classe moyenne
anglaise a montré que les enfants qui n’ont jamais dormi dans le lit de
leurs parents étaient plus susceptibles d’être considérés par leurs parents
et leurs enseignants comme « plus difficiles à contrôler » et « moins
heureux » et manifestant un plus grand nombre d’accès de colère. Les
enfants qui n’avaient jamais été autorisés à partager un lit étaient
également plus timorés que ceux ayant dormi dans le lit de leurs parents
(37).
- D’autres recherches montrent
des avantages supplémentaires au cosleeping par rapport au sommeil
solitaire. Une étude sur des étudiants a montré que les garçons qui avaient
dormi avec leurs parents entre la naissance et cinq ans avaient une estime
de soi significativement plus grande, ressentaient moins d’anxiété et de
culpabilité, et avaient plus de relations sexuelles. Les garçons qui avaient
pratiqué le cosleeping entre 6 ans et 11 ans avaient également une estime de
soi plus importante. Pour les femmes, le cosleeping durant l’enfance était
associé avec moins de gêne concernant les contacts physiques et marques
d’affection une fois devenues adulte (38). Une autre étude montre que les
femmes qui ont pratiqué le cosleeping comme enfant ont plus d’estime de soi
que celles qui ne l’ont pas pratiqué (39). En fait, le cosleeping apparaît
comme renforçant la confiance, l’estime de soi et l’intimité, probablement
comme reflet d’une attitude tolérante des parents (voir schémas 7 et 8).


- Une étude sur 86 nourrissons
sur des bases militaires a révélé que les enfants pratiquant le cosleeping
avaient de meilleures évaluations comportementales de leurs enseignants que
les enfants dormant seuls, et qu’ils étaient sous-représentés dans la
population ayant recours à des soins psychiatriques, comparés aux enfants
n’ayant pas pratiqués le cosleeping. Les auteurs déclarent :
- « Contrairement à nos attentes, les enfants qui n’ont
pas requis d’attention de la part de professionnels concernant des problèmes
de comportements ou affectifs, pratiquent plus le cosleeping que ne le font
les enfants connus pour avoir eu besoin d’interventions psychiatriques et
avoir été évalués par leurs parents comme ayant une moins bonne adaptation
fonctionnelle. La même conclusion a été trouvée pour un échantillon de
garçons que l’on pourrait considérer comme des visiteurs oedipiens
(c’est-à-dire des garçons âgés de trois ans et plus qui dorment avec leur
mère en l’absence du père) – une conclusion qui s’oppose directement à la
pensée psychoanalytique traditionnelle. »
-
- L’étude la plus importante et probablement la plus
systématique à ce jour, qui a concerné plus de 1400 sujets de cinq groupes
ethniques de Chicago et New York, a recensé plus de résultats positifs que
de résultats négatifs pour les individus qui avaient pratiqué le cosleeping
étant enfant. Les résultats étaient pratiquement les mêmes quel que soit le
groupe ethnique (Afro-américains et Portoricains à New York ; Portoricains,
Dominicains et Mexicains à Chicago). Une conclusion particulièrement solide
qui se retrouvait dans tous les groupes ethniques, était que les cosleepers
avaient un sentiment de satisfaction dans la vie plus grand (41).
-
- Etudes physiologiques de
dyades mère-bébé
- Une étude menée à la faculté de médecine Irvine de
l’université de Californie a quantifié les différences dans la physiologie
et le comportement de sommeil de 70 mères et nourrissons hispaniques. Des
enregistrements polysonographiques de plus de 200 séances de huit heures ont
été effectués avec les mères et leur nourrisson partageant le même lit, ou
dormant dans deux chambres adjacentes, durant trois nuits successives. Nous
avons particulièrement comparé la façon dont les environnements de sommeil
solitaire et de partage du lit affectaient deux types de dyades mère-bébé :
celles qui partageaient le même lit de façon habituelle à la maison et
celles qui dormaient habituellement de façon séparée.
- Dans un ordre désigné par le
hasard, chaque dyade mère-nourrisson passaient deux nuits dans les
conditions de leur environnement familier habituel (à la maison) et une nuit
dans des conditions non familières ; c’est-à-dire que les dyades qui
dormaient habituellement dans le même lit, dormaient à part dans des
chambres différentes, et les habituées du sommeil solitaire dormaient dans
le même lit. Toutes les mères et tous les bébés étaient en bonne santé et
presqu’ exclusivement allaités. L’âge des nourrissons était compris entre 11
et 15 semaines (tranche d’âge pour laquelle le risque de MSN est le plus
élevé).
- Nous avons trouvé que le
partage du lit doublait le nombre de tétées nocturnes et triplait la durée
totale de l’allaitement (voir schéma 9 et 10). Le partage du lit était
également corrélé à un plus faible intervalle entre les tétées. Parmi les 70
mères qui allaitaient presque exclusivement, nous avons trouvé que la durée
moyenne séparant deux tétées était à peu près d’une heure et demi pour la
nuit passée dans le même lit que le nourrisson – la durée approximative d’un
cycle de sommeil de la mère (adulte). C’est-à-dire que les besoins
nutritionnels des nourrissons durant la nuit et le cycle de nutrition
pendant le cosleeping sont corrélés à la durée générale de cycle ultradien (sous-cycle
de sommeil) de sommeil (90-120 minutes) pour l’adulte humain – une
corrélation jamais trouvée ni proposée auparavant. Pendant la nuit passée
dans des chambres séparées (mais toujours à portée d’oreille), l’intervalle
entre les tétées était au moins deux fois plus long (42).


- La position sur le dos est la
position universelle pour les nourrissons, et s’est développée
spécifiquement pour faciliter et rendre les tétées nocturnes possible. En
fait, nos études révèlent qu’en l’absence d’instructions, les mères qui
dorment habituellement avec leur bébé placent pratiquement toujours leur
nourrisson sur le dos, position favorable à sa sécurité, probablement parce
qu’il est difficile, sinon impossible, d’allaiter un nourrisson couché sur
le ventre. D’après nos études par vidéo infrarouge de mères dormant avec
leur bébé, il apparaît que le sommeil sur le dos des nourrisson optimise les
capacités des nourrissons à contrôler leur microenvironnement, et tout
particulièrement d’initier des tétées (43, 44). En plus de permettre au
nourrisson de s’avancer ou de se reculer du sein, le sommeil sur le dos lui
permet de rejeter des couvertures qui couvriraient sa tête, de se tourner
vers ou de se détourner de sa mère, de toucher son visage, d’essuyer son
nez, et, sans grand effort, de sucer ses poings ou ses doigts, et de faire
ainsi des bruits qui réveillent sa mère, qui le plus souvent allaite alors
son enfant (voir schéma 10).
- Nos études suggèrent
également que les nourrissons dormant sur le dos dans un contexte
d’allaitement et de partage du lit, optimisent leurs possibilités de
détecter et de répondre de façon synchrone aux mouvements de la mère, aux
sons qu’elle émet ainsi qu’à ses stimulations tactiles, et vice versa
(45-47). La position sur le dos du nourrisson facilite une communication
constante entre le nourrisson et sa mère, conduisant ainsi à un attachement
et une confiance mutuels (prérequis pour un développement en bonne santé des
nourrissons) ; de plus, cela peut stimuler le nourrisson, par des stimuli
olfactifs, à vouloir téter plus fréquemment, et ainsi concourir à la
suppression de l’ovulation de sa mère. Ce modèle constitue une autre raison
de considérer la relation mère-nourrisson non pas seulement en termes de
façon pour la mère de réguler son nourrisson, mais plutôt de manière pour la
mère et son nourrisson à réguler mutuellement la physiologie de l’autre, y
compris le statut reproductif de la mère.
Suite
-
Commission
pour la sécurité des produits et des consommateurs
-
Groupe de travail global
sur la MSN
-
Organisation
familiale japonaise sur la MSN
|