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- Comment dorment
les enfants ailleurs ? Comment dormaient-ils autrefois en Europe
?
-
- Deux comportements de l'enfant seront ici dissociés :
le sommeil nocturne d'une part ; le sommeil diurne d'autre part.
Le premier est associé au sommeil des adultes ; le second
par contre se déroule alors que les adultes sont le plus
souvent actifs, bien que dans de nombreux pays chauds, les adultes
fassent la sieste.
-
- Les observations s'attachent en général à
décrire l'environnement matériel (type de couchage,
localisation dans l'habitation) et les comportements
associés au sommeil de l'enfant, c'est à dire son
comportement propre (période de sommeil et d'éveils,
analyse de paramètres physiologiques) et celui de son
entourage (présence ou non de la mère, du
père, de la famille, etc.).
-
- Concernant le sommeil nocturne, les descriptions distinguent
en général deux séquences consécutives
: l'endormissement de l'enfant, période séparant
l'état d'éveil du début du sommeil, et le
sommeil nocturne de l'enfant proprement dit, jusqu'au
réveil matinal définitif. Le premier épisode
est court dans le temps et se place souvent dans le champ de
l'action : les adultes sont actifs et mettent en place des
stratégies plus ou moins longues et complexes pour arriver
au résultat désiré. Le deuxième
s'étend sur plusieurs heures, et plusieurs items pourront
être renseignés : mobilier (lit, berceau, hamac,
etc.) ; distance entre l'enfant et les personnes qui s'en occupe
(sommeil solitaire ou partagé) ; cause, fréquence et
déroulement des réveils. Cette période est
plutôt considérée comme un état
(l'état de sommeil) avec des éléments qui le
consolident et d'autres qui l'interrompent.
-
-
Le sommeil diurne
- Très souvent le sommeil diurne ne fait l'objet d'aucune
attention particulière. En fait, le bébé
s'endort sans aucune intervention extérieure, tout
simplement parce qu'il est fatigué. Cela est
particulièrement vrai dans les sociétés
où le portage est une pratique répandue.
Bercé par les mouvements du corps qui le porte, le
bébé s'endort sans difficulté. Je n'ai
rencontré aucune description précise de
schémas de sieste dans la littérature, avec
évocation de rythmes ou d'une éventuelle
régularité, en dehors de notre culture. Nous avons
tous vu un jour les images d'une mère africaine portant un
bébé endormi dans son dos, la tête ballottant,
et continuer à vaquer à ses occupations courantes .
Une seule étude médicale fait
référence au partage du lit durant la journée
(17).
- Ce manque de précision quant au rythme du sommeil dans
la journée est-il la marque d'un
désintérêt de la part des observateurs, le
plus souvent des occidentaux ? Ou celui plus général
de la part des personnes étudiées ? L'étude
attentive de textes indigène permettrait peut-être de
répondre à la deuxième question. Notons au
passage qu'il est plus difficile d'établir une absence de
discours que l'existence d'observations ou de recommandations !
Mais vraisemblablement, l'homme occidental se pose peu de
questions à ce sujet quand il observe les autres
sociétés, et son intérêt semble
plutôt porter sur le sommeil nocturne qui est la source de
tant de questions pour lui.
-
-
L'endormissement
- L'enfant est en général endormi grâce
à l'intervention d'un adulte, parfois d'un enfant plus
grand. Dans certaines régions d'Afrique, une grande fille
de 6 ou 7 ans sera chargée de s'occuper d'un plus petit, et
entre autre de l'endormir. Mais c'est très souvent avec sa
mère que s'endort le bébé africain (18). Il
arrive également que l'enfant s'endorme sans action
volontaire de la part de celui qui en a la charge : c'est valable
le jour, mais également le soir.
- Trois types d'actions sont le plus souvent la cause,
volontaire ou non, de l'endormissement :
- * La tétée au sein (dans les pays du Maghreb, en
Inde, en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie,
bref,
finalement dans le monde entier) : le bébé
tète et sombre dans le sommeil tout en poursuivant la
tétée, avec un rythme et une puissance de succion
s'affaiblissant. Celle-ci peut perdurer un certain temps quand le
bébé dort, le sein dans la bouche.
- * Le bercement : l'enfant est bercé par les mouvements
du corps de celui qui le porte ou dans un dispositif
adapté. Les bébés sont très souvent
portés dans la journée par leur mère ou par
un autre adulte, au moyen de dispositifs variés (tissus
noués, liens, sacs, etc.). Comme nous l'avons
déjà remarqué, il leur arrive alors de
s'endormir sans intervention particulière. Mais le
bébé peut être également bercé
dans un hamac, très utilisé en Amérique du
Sud, dans un Sari suspendu à un crochet en Inde, dans un
berceau soit posé à terre soit suspendu en Europe ou
en Amérique du Nord. Cela peut bien sûr être le
cas le soir, et initier un sommeil nocturne.
- * Les chants ou d'autres bruits produits par les humains
facilitent également l'endormissement : claquement de
langue en Afrique (chez les Pygmées, ce sont les
pères qui se chargent de cette tâche), chants rituels
un peu partout dans le monde, contes ou histoire chantée,
musique instrumentale.
-
- Ces trois types d'action peuvent être combinés,
simultanément ou successivement (la mère donne le
sein en se promenant et en chantonnant par exemple).
- Un dernier type d'action reste à décrire, qui
n'est pas très facile à observer. Il s'agit du
simple contact du bébé avec un adulte allongé
contre lui dans l'intimité d'une habitation. En d'autres
termes, il arrive bien souvent que l'adulte et le
bébé s'endorment ensemble, après avoir
éventuellement utilisé une ou plusieurs technique
décrite ci-dessus. Mais ne mettant pas en jeu de
schéma d'actions et se déroulant à l'abri des
regards, cette description n'a peut-être pas suscité
d'intérêt chez les observateurs .
Hélène Stork est la seule en France à porter
un intérêt sur ce sujet : en comparant les pratiques
française (à Paris), chinoise (Taïwan) et
japonaise, elle a montré que les parents de ces deux
dernières sociétés endorment leurs enfants en
s'allongeant contre eux dans plus de 70% des cas. Et dans une
écrasante majorité de plus de 90% des cas, un parent
est présent lors de l'endormissement. Cette même
étude montre que les objets dits " de transition " ne sont
que très peu souvent utilisés (19).
-
-
L'environnement durant le sommeil :
dispositifs matériels et présence humaine
- En ce qui concerne le mobilier et l'utilisation ou non de
certains dispositifs de couchage, il est peut-être utile de
reprendre la classification de Mauss, et de différencier
les cultures à berceaux et les cultures sans berceaux.
-
- - sociétés à berceaux
- Dans cette catégorie il convient de rassembler toutes
les sociétés qui ont mis au point des
systèmes permettant de maintenir un certain niveau de
protection du bébé hors du corps d'un adulte (c'est
à dire sans être porté ou attaché
à un corps humain). Ainsi les hamacs, panier et autres
objets permettant de poser ou suspendre le bébé,
ont-ils des fonctions équivalentes au berceau rigide
occidental, et permettent aux adultes de se décharger au
moins partiellement de leur tâche de protection du
bébé.
- En France, les bébés ont souvent eu leur
berceau, véritable carapace protectrice, où ils
passaient parfois tout leur temps. Ils y étaient
bercés et allaités, la nuit comme le jour. En
Bretagne, au XIXe siècle, les bébés dormaient
avec leurs parents dans des lits-clos, véritables placards
fermés la nuit. Selon l'architecture de la famille, les
lits étaient partagés de plusieurs façons,
avec grands-parents, parents, enfants, servantes,
Ainsi
tout le monde profitait de la chaleur emmagasinée. Dans le
Morvan à la même époque, des lits-estrades
pouvaient accueillir des familles entières. Pendant bien
longtemps, les familles ont partagé les quelques lits de la
maisonnée, quand ce n'était pas de simples bottes de
foin ou paillasses, sans se poser de questions. Il n'est pas si
loin le temps où les animaux partageaient le même
toit que l'homme, la dispersion étant alors synonyme de
danger, et la chaleur trop précieuse pour être
gaspillée. Quand les familles aisées mettaient leurs
jeunes enfants en nourrice, l'enfant dormait bien souvent avec
cette dernière à proximité.
- C'est à partir du Moyen-Age que l'église a
demandé aux mères de ne plus faire dormir le
bébé dans le lit de ses parents. Les grands lits
collectifs ont laissé alors la place à des lits
individuels. Il s'agissait officiellement de lutter contre les
morts par étouffement (soi-disant des infanticides
masqués) , mais également de limiter la
promiscuité qui commençait à devenir
immorale. Cependant au XVe et XVIe siècle, dans les
familles pauvres, il est certain que les lits étaient
encore partagés, " les parents gardant parfois un ou deux
enfants dans le leur " (p.91, P. Dibie). Même chez les
riches, passer des moments d'intimité partagée entre
un parent et son enfant, n'était sans doute pas rare : les
manifestations d'affection d'Henri IV pour son fils, le futur
Louis XIII, sont connus, et se déroulaient parfois au lit.
Au XVIIIe siècle, il est exigé des nourrices
mercenaires qu'elles fassent l'acquisition d'un pare-feu et d'un
berceau quand elles accueillent un " petit Paris " (20), ce qui
prouvent qu'elles avaient tendance à les mettre dans leur
lit. Les personnalités qui gouvernent (ou qui essayent de
le faire) la vie quotidienne du peuple tentaient
déjà de modifier ce comportement populaire qu'est le
sommeil partagé. Comme nous le verrons plus loin, les
choses n'ont guère changé depuis. Mais il faut
remarquer tout de même qu'il n'était pas alors
question d'éloigner le bébé dans une autre
pièce.
-
- L'utilisation d'un dispositif tel que berceau ou hamac
décharge la mère d'une fonction de portage. Mais
cette décharge est limitée. En effet, bien souvent
le bébé restera tout de même dans le champ de
vision d'un adulte ou d'un enfant. Et s'il arrive que ces
dispositifs soient parfois utilisés pour que le
bébé dorme sans surveillance une partie de la
journée, la nuit par contre il ne sera jamais laissé
seul. La fonction première de ces aménagements est
de permettre aux parents de vaquer à d'autres occupations.
Or la nuit, tout le monde dort, il n'y a donc aucune raison
d'écarter le bébé. Que ce soit directement
dans le lit de sa mère (notamment lors et après les
tétées), ou dans son propre dispositif de sommeil,
le bébé est à proximité. Ainsi, en
Amérique du Sud, le hamac peut être familial et
contenir 2 ou 3 membres d'une même famille (souvent le
bébé et sa mère) durant la nuit. Le berceau
du bébé occidental est posé tout contre le
lit conjugal .
-
- - société sans berceau
- Dans les cultures dites " sans berceau ", bien souvent le
bébé dort contre sa mère, très souvent
par-terre, posé sur une simple natte. Cela peut être
également avec un autre adulte ou un aîné
(souvent une grande sur). C'est le schéma classique
en Afrique, mais également au Japon (tatami familial), en
Océanie et dans le grand Nord des Eskimos.
-
- La distinction entre culture à berceau et culture sans
berceau ne permet pas d'identifier les sociétés dans
lesquels les bébés dorment souvent avec un adulte,
des autres.
- Je n'ai pour ma part aucune description, ni ethnologique, ni
historique, qui mentionne la séparation du nourrisson loin
de sa mère ou de sa nourrice la nuit comme positive, en
dehors de l'éviction du bébé de la couche (et
non de la chambre) des parents en Europe à partir du Moyen
Age. Bien évidemment ces descriptions manquent souvent de
précisions (quant à l'âge des enfants par
exemple) et n'ont pas la rigueur scientifique des études
statistiques que nous affectionnons aujourd'hui. Cependant il est
tout de même frappant de constater que de tout lieu et de
tout temps, l'unique séparation adulte-bébé
qui ait été décrite comme souhaitable
consiste en une séparation de
quelques
centimètres. C'est également le cas de
sociétés qui imposent des séparations aux
enfants âgés de quelques années : ainsi chez
les Muria du sud de l'Inde, les enfants à partir de
six-sept ans habitent dans le Ghotul, maison commune pour jeunes.
En effet, cette société souhaite éviter aux
enfants d'assister aux relations sexuelles de leurs parents
ce qui n'est pas sans rappeler notre propre culture. Mais pour les
jeunes enfants, il n'est pas question de séparations.
-
- Plusieurs chercheurs ont rassemblé des données
concernant un grand nombre de sociétés
non-industrielles. John Wihting a observé que la pratique
consistant à écarter le bébé de sa
mère prédominait dans les régions froides
où l'utilisation des berceaux est plus fréquente (en
dehors du cas des Inuit).
-
Nombre de sociétés
observées
|
Observations
|
Référence
|
136
|
Bébé avec la mère sans le
père : 50%Bébé avec mère et
père : 16%
|
(21)*
|
172
|
Tous les bébés de toutes les cultures
partagent le lit d'un adulte, parfois seulement durant
quelques heures.
|
(22)*
|
53
|
49% des sociétés, lit
séparé mentionné (le jour et parfois
la nuit); 55% le partage du lit est mentionné ; 8
mentionnent les deux. Dans le cas du lit partagé,
65% des bébés dorment avec la mère,
le reste avec les deux parents. Aucun cas de " chambre
à part ". Allaitement à la demande jour et
nuit.
|
(14)
|
186
|
Bébé dans le lit des parents :
46%Bébé dans la chambre mais pas dans le
lit : 26%.Dans aucune société le
bébé de moins de un an est
séparé des deux parents.
|
(23)*
|
Tableau 3 : Pratiques de sommeil des nourrissons
- * citées dans (24)
-
- Les chiffres du tableau 3 démontrent que le sommeil
partagé dans les sociétés traditionnelles est
un comportement courant. Tous les bébés dorment dans
la chambre des parents.
- Une grande enquête a été menée en
2000 sur quatre continents pour analyser le comportement nocturne
des bébés, et notamment étudier la
fréquence du sommeil partagé (lit partagé et
chambre partagée) pour les bébés de 3 mois
(25). Les résultats concernant les pays hors de l'Europe et
de l'Amérique du Nord sont rassemblés dans le
tableau 4.
-
Pays
|
Lit partagé (proportion dormant plus de 5
heures de cette façon)
|
Chambre partagée
|
- Chine - Chongqing
- - Pékin
|
- 88% (100%)
- 53% (95%)
|
- 99%
- 100%
|
Chili (Santiago)
|
53% (95%)
|
95%
|
Japon (Tokyo)
|
64% (95%)
|
93%
|
Hong Kong (population chinoise)
|
38% (78%)
|
85%
|
Argentine (Buenos Aires)
|
12% (-)
|
69%
|
Tableau 4 : Lit partagé dans plusieurs pays hors
occident et Amérique du Nord
-
- L'Argentine se démarque nettement des autres pays, avec
un taux assez faible de lit partagé (12%) comme de chambre
partagée (69%), ce qui traduit certainement une
occidentalisation des murs. Au Japon, le bébé
dort avec sa mère, alors qu'en Chine il dort avec ses deux
parents.
- D'autres études statistiques modernes abondent dans le
même sens. En Afrique du Sud, 94% des noirs et 71% des
métis pratiquent le sommeil partagé (26). En Inde,
une étude en 1992 montre que 100% des enfants dorment avec
un adulte (27). La totalité des enfants de moins de 2 ans
dorment avec leurs parents chez les indiens Bororo du
Brésil (28). Ils sont encore 81,5% à partager le lit
de leurs parents entre 2 et 10 ans. Au Japon, une étude
montre que 73% des enfants dorment contre leurs parents, le reste
dormant à côté, sur un matelas
séparé (29) . En Corée, entre 3 mois et 2
ans, 98% des enfants dorment avec un membre de la famille (30). A
Hong Kong, en 1996, Nelson montre que 81% des bébés
partagent la chambre des parents, que 32% dorment avec un parent,
mais que seul 1/3 sont en contact direct (31). En Australie, les
bébés aborigènes âgés de moins
de 12 semaines partagent à 96% la chambre de leurs parents,
68% dormant dans le lit-même des parents (32). En 1995, les
Maori de Nouvelle-Zélande dorment avec leur
bébé à 65%, les habitants des Iles Pacifiques
étant 73% à pratiquer le " partage du lit" (33). A
Taïwan (Chine) et au Japon, 72% des enfants
(âgés d'environ 18 mois) dorment avec leurs parents,
et plus de 95% dorment dans leur chambre (19). La proximité
entre l'enfant et sa mère, en grande partie due à
l'allaitement au sein largement pratiqué dans ses
sociétés, fait de la mère l'adulte de
référence. Au Japon, les mères dorment avec
leur bébé dans 85% des cas (29), une autre
étude montrant que 23% des pères dorment ailleurs
(34).
-
-
Le sommeil : fréquence des
réveils
- Le scientifique rigoureux va être déçu. En
effet, il existe très peu de descriptions concernant les
réveils nocturnes dans les pays non occidentaux ou dans nos
récits historiques. Et encore moins de chiffres bien
évidemment. Le plus souvent, c'est en terme de
tétées nocturnes que pourront être
évoqués d'éventuels réveils. C'est
bien d'éventualité qu'il convient de parler, car,
mais nous l'avons totalement oublié, un bébé
peut très bien téter sans se réveiller, voire
sans réveiller sa mère. C'est ce qui se passe
habituellement quand la mère et le bébé
dorment l'un à côté de l'autre. Donc
même quand le bébé tète
fréquemment la nuit, il n'est pas certain que nous pouvons
parler là de réveils (c'est à dire d'un
état de conscience physiologique tel que définit par
nos indicateurs scientifiques).
- Une étude récente sur l'allaitement des
bébés du Ghana (Afrique), montre que le nombre moyen
de tétées nocturnes pour des bébés
âgés entre 6 et 12 mois est de 4 (35). L'observation
de 10 nourrissons Kipsigis au Kenya en 1982 a montré que
les réveils nocturnes persistaient durant toute la
première année (36). Une étude en
Corée montre que 83% des enfants de 3 mois à 2 ans
se réveillent la nuit, 28% pleurent et 16% des mères
s'en inquiètent (30). A Taïwan, 53% des
bébés de 18 mois environ se réveillent plus
de trois fois par semaine, mais seul 18% des parents
considèrent que c'est un problème. Au Japon, 27% des
bébés ont des troubles de sommeil (à
l'endormissement ou durant la nuit), et 11% des parents s'en
plaignent (19). Nugent reconnaît que les problèmes de
sommeil ou de réveil nocturne ne sont pas une
préoccupation au Japon, et que le sommeil partagé
couramment pratiqué dans ce pays est sans doute la cause
d'une absence de problèmes (29). Toujours dans
l'étude déjà citée de Nelson (25), les
bébés sont pratiquement tous l'objet de
vérification durant la nuit, le plus souvent 2 ou 3 fois
dans la nuit : ces chiffres traduisent très certainement
des réveils et des appels du bébé.
-
|
Vérification du bébé (nombre
de vérifications moyen)
|
Chine - Chongqing - Pékin
|
96% (3)95% (2)
|
Chili (Santiago)
|
98% (-)
|
Japon (Tokyo)
|
91% (2)
|
Hong Kong (population chinoise)
|
91% (3)
|
Argentine (Buenos Aires)
|
86% (3)
|
Tableau 5 : Lit partagé dans plusieurs pays en occident
et Amérique du Nord
-
- Des espacements intergénésiques de plusieurs
années sont courants pour des populations ne disposant
d'aucun moyen de contraception et ne pratiquant pas non plus
d'abstinence sexuelle (c'est le cas des Kung d'Afrique australe
par exemple). Cette donnée informe du caractère tout
à fait habituel pour les jeunes enfants de ces populations
de tétées suffisamment fréquemment la nuit
pour diminuer notablement la fertilité de leur mère.
Il peut être utile ici de détailler la technique de
contraception baptisée MAMA par l'OMS et l'UNICEF,
basée sur un allaitement exclusif à la demande, avec
tétées fréquentes. Cette méthode en
effet insiste sur le rôle déterminant des
tétées nocturnes pour l'espacement des naissances.
La MAMA concerne des bébés de moins de six mois : il
est donc implicitement reconnu ici que des bébés de
six mois tètent la nuit, et que le contraire n'est sans
doute pas naturel.
- Les descriptions historiques indiquent que le
bébé était en général
allaité la nuit au moindre réveil, qu'il partage le
lit de sa mère ou qu'il soit couché aux
côtés de son lit, dans son propre berceau.
-
- En conclusion, en cas de sommeil partagé, les
réveils tels que nous les concevons (c'est à dire
appels du bébé totalement réveillé)
sont soit peu fréquents soit peu remarqués. Tout
simplement parce que le bébé dort la plupart du
temps contre sa mère, en général jusqu'au
sevrage, et qu'une tétée peut se faire quasiment en
dormant et n'est pas identifiée comme un réveil.
Mais il est également possible que des réveils
nocturnes, avec appels et interactions en état
d'éveil, soient jugés comme normaux et plutôt
bien acceptés par la population, ce qui pourrait expliquer
le silence qui les entoure (19).
|