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La méthode occidentale : solitude avant tout

 

L’apprentissage de la solitude nocturne

On sait maintenant grâce à des enregistrements vidéo, que tous les jeunes enfants se réveillent la nuit. La différence entre ceux qui « font leurs nuits » et ceux qui réveillent leurs parents tient à leur capacité plus ou moins grande à se rendormir seuls. Pour répondre aux attentes de nombreux parents et faire en sorte que leur bébé passe 10 heures dans son berceau sans faire trop de bruit, on propose généralement chez nous d’habituer ce dernier à s’endormir seul. L’idée de base de cette méthode est de faire en sorte que le bébé associe l’endormissement à un certain type d’environnement qui exclut la proximité avec un adulte. Cet environnement devra être tel que le bébé puisse retrouver lui-même des repères lui permettant d’amorcer seul  une séquence d’endormissement lors de ses réveils nocturnes. Concrètement, les parents sont invités à mettre en place un rituel du coucher, c’est-à-dire une série d’actions enchaînées qui sera répétée chaque soir et qui a comme finalité de permettre au bébé de s’endormir et de se rendormir seul. Il s’agit alors pour les parents de doser finement proximité et solitude : proximité avec le bébé avant l’endormissement pour satisfaire son besoin de proximité avec les adultes qui s’occupent de lui (besoin largement reconnu de nos jours, dont la non-satisfaction peut entraîner des difficultés de sommeil) ; solitude pour éviter que le bébé ne devienne dépendant de cette proximité au moment de s’endormir. Pour satisfaire les besoins affectifs du bébé quand celui-ci reste seul, l’utilisation du fameux Objet Transitionnel (une peluche, un bout de tissu) est recommandée. Dans le même but, les comportements d’auto-satisfaction (succion d’une tétine ou du pouce) seront encouragés. Tout leurre pouvant donner au bébé l’illusion de la présence d’un adulte affectueux peut être utilisé, à partir du moment où il ne requiert pas sa présence.

 

Sur le papier, tout a l’air facile. Mais dans la réalité il en va tout autrement et des difficultés surgissent, qui s’expriment par des pleurs du bébé. Pourquoi ?

-         Parce que le bébé a la capacité innée de s’apaiser et de s’endormir au sein. Le bébé allaité développera cette capacité au fil des jours et des semaines (durant les promenades dans le porte-bébé ; durant les tétées au sein ; etc.): tétée, proximité corporelle et endormissement seront très rapidement et très fortement associés. Cela reste vrai pour le bébé non allaité qui apprécie beaucoup la présence d’un parent durant son sommeil. Alors quand on le pose dans un berceau immobile loin de toute chaleur humaine, difficile pour lui d’oublier la tendresse de la journée. La proximité parents-bébé est préconisée le jour, et un bébé a du mal à accepter que les attentes de ses parents sont totalement modifiées la nuit.

-         Parce que le bébé n’est pas une pâte à modeler qui se plierait à toutes nos volontés. Si les comportements peuvent être modifiés, des limites à cette plasticité existent, et les modifications exigent souvent du temps, de l’énergie et parfois même de la souffrance.

-         Parce qu’il suffira de bien peu de choses pour qu’un bébé qui a enfin appris à « faire ses nuits » réveille à nouveau ses parents, et que l’attitude des parents et l’environnement du bébé devront être longtemps contrôlés, au moins le soir, ce qui requiert énergie, volonté et temps.

 

Réactions face aux pleurs

Il y a quelques années, on invitait fortement les parents à laisser pleurer leur bébé quand celui-ci réagissait la nuit ou durant l’endormissement. C’est la fameuse règle des « 5-10-15 » minutes[1]. Mais de nombreux parents n’aiment pas laisser pleurer leur bébé, même quelques minutes seulement. Ils ressentent ces pleurs comme des appels, et ils n’ont à mon avis pas tort. De plus, laisser pleurer un bébé la nuit dans un appartement n’est pas simple : les autres membres de la famille sont endormis, les parents sont fatigués, les voisins réclament un peu de calme… Cette réticence à laisser le bébé pleurer explique en grande partie les échecs de la méthode décrite ci-dessus, et également le désir des parents de trouver une autre solution. Est-il possible à la fois d’éviter les pleurs et de faire dormir un bébé seul toute une nuit durant ? C’est ce que proposent certains auteurs aujourd’hui, dont le pédiatre américain Brazzelton. Ils s’écartent ainsi de la voie des « durs », qui voient dans la gestion stoïque des pleurs un élément déterminant du succès. Avec cette méthode douce les parents sont invités, le plus tôt possible, à adopter des comportements spécifiques. Pour les parents des bébés exclusivement allaités, il s’agira entre autres dès les premières semaines d’allonger progressivement les intervalles entre les tétées entre 00h et 05h, pour obtenir de leur nourrisson qu’il ne se réveille plus du tout durant cette tranche horaire à huit semaines. Cela suppose une intervention des parents la nuit (bercer le bébé, le promener, changer la couche, etc.), intervention qui est censée disparaître progressivement. Brazzelton quant à lui insiste sur les comportements d’auto-satisfaction à favoriser d’abord le jour et au moment de l’endormissement, pour aider ensuite le bébé à retrouver le sommeil lors de ses réveils nocturnes[2]. Pour cela un certain investissement des parents (en temps, en rigueur, en patience) est indispensable.

Cette exigence rebute souvent les parents qui finissent, de façon ponctuelle ou habituelle, par prendre leur bébé avec eux la nuit pour calmer leurs pleurs.


 


[1] On laisse une première fois le bébé pleurer 5 minutes. Un parent va auprès de son lit alors, pour le rassurer sans le prendre dans ses bras. Il le laisse alors seul, et éventuellement pleurer 10 minutes. Puis retourne le rassurer. Et cette fois, et les suivantes, le laissera pleurer 15 minutes à chaque fois.

[2] T. B. Brazelton et J. D. Sparrow  Sleep. The Brazelton way. Perseus Publishing, 2003.