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La sécurité du bébé

 

La sécurité des enfants doit être assurée, c’est une des responsabilités premières des parents. Le sommeil partagé apporte de nombreux bénéfices pour la sécurité du bébé : stimulation du bébé et donc diminution des périodes de sommeil profond ; allaitement favorisé ; surveillance des parents aisée ; vie quotidienne facilitée et fatigue diminuée. Certains chercheurs pensent que le lit partagé est un facteur de prévention pour la Mort Subite du Nourrisson. D’autres au contraire pensent que c’est un facteur de risque. Si de nombreuses informations circulent sur la sécurité du bébé qui dort seul dans son lit, comme de le coucher sur le dos, sans oreiller ni couette, pas une seule information ne concerne le bébé qui partage le lit de ces parents y compris de façon exceptionnelle. Quels sont les risques liés à cette solution, et comment les prévenir ?

 

Les dangers à connaître

Des études alarmistes ont été publiées aux Etats-Unis, qui invitent fortement les parents à ne pas dormir avec leur bébé pour éviter tout risque d’asphyxie, de strangulation et autres morts accidentelles. D’abord publiées dans les magazines scientifiques, elles sont ensuite largement diffusées auprès du grand public sous la forme de recommandations sanitaires générales. Ainsi, au printemps 2002, une vaste campagne a été menée aux USA pour inviter les parents à ne pas placer leur enfant dans un lit d’adulte : sans réellement le nommer, il s’agissait par là d’interdire le sommeil partagé, présenté comme dangereux. Mais y compris les chercheurs les plus consciencieux sont parfois victimes de leurs représentations et de leur choix personnels, et sous-estiment les avantages du comportement qui n’a pas leurs faveurs : ainsi il est rare de lire des études où tous les facteurs de risque (état du partenaire, et notamment consommation de drogues, état de la literie) ont été analysés. L’ignorance de ce qu’est le sommeil partagé et l’incapacité à remettre en question le sommeil solitaire fera le reste.

En fait, après une analyse sérieuse de toutes les données disponibles, et en invitant les parents à prendre certaines précautions, il apparaît que faire dormir un bébé contre un adulte responsable n’est pas plus dangereux que n’importe quelle action de la vie quotidienne.

 

- La Mort Subite du Nourrisson

La Mort Subite du Nourrisson (MSN) est un syndrome qui frappe les nourrissons de moins d’un an, qui décèdent de façon inattendue et inexpliquée. L’autopsie ne distingue pas les morts de MSN des morts pas asphyxie consécutives par obstruction des voies respiratoires. Le mécanisme précis de la MSN n’est pas encore connu, par contre de nombreux facteurs de risques sont identifiés, certains avec assurance, d’autres font encore débat. Le partage du lit avec un adulte est un facteur très discuté actuellement[1]. Certains le considère comme un facteur de prévention, d’autres comme un facteur de risque, d’autres encore reste partagé et indécis. Des facteurs supplémentaires, comme la consommation de tabac, d’alcool et de drogues, interagissent avec le sommeil partagé et peuvent transformer cette pratique en un risque vis à vis de la MSN. En Angleterre, le lit partagé est loin d’être stigmatisé de la même façon que chez nous, et les professionnels de santé et de la petite enfance incluent cette éventualité dans leurs recommandations. L’UNICEF-UK a même édité un dépliant qui précise les règles de sécurité pour les familles dont le bébé partage le lit d’un ou de deux adultes.

 

- Les autres risques

Un autre risque souvent mis en avant est le danger d’asphyxier le bébé, soit par recouvrement par le partenaire, soit par glissement et coincement du bébé entre des parties de la literie. Les lits d’adulte sont parfois hauts et le risque de chute doit être pris en considération. Là encore, comme toujours, les chercheurs sont loin d’avoir toutes les informations : avec qui dormait le bébé ? Sur quel type de couchage (lit, canapé, fauteuil) ? Le partenaire avait-il consommé de l’alcool, des drogues, des somnifères ? Or tous ces éléments permettent souvent d’expliquer les drames. Il est tout à fait possible de prévenir les parents de certains risques, et cela s’avèrera bien plus efficace qu’une interdiction qui de toutes façons est au moins ponctuellement bafouée.

 

La prévention

 Quand les parents dorment avec leur bébé, il faut considérer le lit comme celui du bébé et non comme celui des parents : il  doit être parfaitement adapté au nourrisson. 

 

-Surveiller un bébé

Pour tous les accidents évoqués ci-dessus, la surveillance d’un adulte reste le facteur de prévention le plus efficace ; très peu de bébés sont morts de MSN ou d’asphyxie sous les yeux de leurs parents[2]. Quand le bébé dort durant la journée dans une pièce où d’autres personnes ont des occupations, par exemple la salle de séjour, il sera placé sous leur attention contrairement au bébé dormant tranquillement, mais seul, dans sa chambre. Il semblerait également qu’un bruit modéré, comme celui généré par une activité humaine normale, soit stimulante pour le bébé même endormi, et que cela favorise un sommeil léger donc diminue l’importance du sommeil profond. C’est pour cela que le bébé devrait dormir dans la chambre des parents, même s’il ne dort pas dans leur lit.

Quand il est sous la surveillance directe d’un adulte, un bébé peut dormir dans des conditions qui sans cela seraient dangereuses. Un bébé peut ainsi dormir sur un canapé avec sa mère lisant un livre à ses côtés et gardant un œil sur son enfant. Ou s’endormir sur le ventre, allongé sur le torse de son père. Par contre, quand il dort sans surveillance, que ce soit dans le lit d’un adulte endormi, ou dans une pièce à l’écart, les précautions doivent être multipliées.

 

- S’adapter

Il faut avant tout adapter l’environnement au bébé et aux risques que son développement, et donc ses capacités du moment, lui font courir. Si les couvertures présentent un risque pour un bébé de 4 mois, à 3 ans ce sont les prises électriques qui sont dangereuses. Les parents doivent s’adapter continuellement aux progrès de leur bébé, des menaces disparaissent, d’autres surgissent. Il est prudent de prévoir une marge de précaution, et imaginer le bébé franchir l’étape suivante : un bébé de 3 mois peut rouler, un bébé de 6 mois peut se mettre à 4 pattes, un autre de 9 mois peut se mettre debout … Il y a toujours une première fois, et elle n’est jamais prévisible.

 

-Prévenir la MSN

Le bébé devrait être couché sur le dos (la position ventrale est un facteur de risque important pour la MSN), ce qui est sa position naturelle quand il est allaité et qu’il dort contre sa mère. Les parents ne doivent pas fumer dans la pièce où le bébé dort et la mère devrait s’abstenir de fumer durant la grossesse et bien sûr après. Enfin l’allaitement et donc les tétées nocturnes sont des éléments protecteurs contre la MSN. Quand la mère fume, il convient de placer le lit du bébé à côté du lit des parents, et d’éviter que le bébé reste dans le lit des parents après une tétée (une fois la tétée terminée, replacer le bébé dans son berceau).

 

- Eviter le risque de chute

La solution qui consiste à dormir sur des matelas posés à même le sol a le mérite d’éliminer tout risque de chute, et c’est réellement la façon de dormir la plus simple, qui doit être préférée pour un bébé de moins de 1 an. Sinon, le lit « classique » (matelas sur sommier eux-mêmes sur pieds de lit) pourra être poussé contre un mur, avec des coussins posés sur le sol tout autour pour amortir une chute éventuelle (particulièrement dans le cas où l’enfant dort en début de nuit sans adulte pour l’empêcher de rouler ou durant une sieste sans surveillance). Attention, dans ce cas il faut s’assurer que le bébé ne risque pas de se coincer entre le lit, les montants du lit et/ou le mur. Les coussins posés sur le sol ne doivent pas non plus présenter un danger : ils ne doivent pas être trop mous pour éviter tout risque d’asphyxie. Un matelas posé sur le sol ferait bien l’affaire (mais dans ce cas, autant y poser directement l’enfant). Il est également possible de placer une barrière mobile sur un côté pour empêcher l’enfant de tomber : attention là aussi à ce qu’elle ne présente pas un danger supplémentaire pour l’enfant (pour certaines, le bébé pourrait se coincer entre deux montants). Pour les siestes, l’idéal et le plus simple est tout simplement le matelas posé sur le sol.

 

- Eviter les asphyxies

Le matelas doit être parfaitement ajusté aux dimensions du lit : il doit être impossible pour le bébé de se coincer entre le matelas et des éléments du lit comme les montants. Il  doit être également ferme (le futon posé sur un tatami est un excellent dispositif). Les matelas d’eau sont à proscrire. Ils sont de toutes façons très rares chez nous. Les canapés sont également à éviter quand le bébé dort sans surveillance : le bébé risque de s’étouffer en se tournant contre le dossier.

On sait aujourd’hui que les couettes et oreillers doivent être évités pour éliminer tout risque d’asphyxie ou d’hyperthermie. L’adulte pourra utiliser ces éléments, mais la place du bébé ou du jeune enfant doit être vide. Le mieux est en fait d’utiliser des draps et couvertures. Une solution pratique consiste à utiliser des couvertures individuelles (au lieu de la couverture double) quand le bébé dort dans le lit des parents : il ne risque pas de se retrouver sous la couverture des parents s’il dort entre eux. En général, quand il est habitué dès son plus jeune âge à dormir sans couverture, il aura plus tard tendance à les repousser. Quand le bébé dort contre sa mère et que celle-ci lui fait face (cas classique quand la mère allaite), le bébé se trouve naturellement entouré par le corps de sa mère : par son bras au-dessus de sa tête, par ses jambes repliées sous ses pieds (voir schéma). Le bébé ne risque ainsi pas de descendre vers le pied du lit et de s’enfouir sous les couvertures. Dormir à proximité d’un adulte permet de bénéficier de sa chaleur. Il est alors inutile de trop couvrir l’enfant : un simple pyjama peut suffire, avec par temps spécialement froid un surpyjama. Une ventilation suffisante doit être maintenue.

Les premiers mois il est préférable d’éviter qu’un enfant de moins de 15 ans dorme contre le bébé. Il ne bénéficie pas du même état de vigilance qu’un adulte, et le bébé est alors trop petit pour se dégager de façon réflexe dans certaines situations qui pourraient être dangereuses. Il est prudent d’attendre qu’il soit capable de bien lever sa tête et de se retourner seul pour laisser un enfant plus âgé dormir contre lui. Si vous dormez avec plusieurs enfants, placez un adulte entre le bébé et ses aînés.

Si vous souhaitez mettre le berceau près de votre lit en « side car », vérifiez que les hauteurs respectives sont compatibles (en particulier, le berceau ne devrait pas être plus haut que le lit). De plus, le lit du bébé doit être fermement maintenu contre le grand lit pour éviter toute chute et tout coincement (certains parents bricoleurs fixent le petit lit au grand).

 

- Les risques du lit partagé occasionnel

Il est très courant chez nous de prendre le bébé dans le lit des parents de façon occasionnelle et imprévue. C’est par exemple le cas d’une mère qui s’endort presque involontairement en donnant une tétée ; ou quand le bébé pleure et ne se console que dans les bras de ses parents en fin de nuit, les parents épuisés ayant déjà tout essayé. Ces situations peuvent être dangereuses, car les parents ne les ont pas prévues et ils n’ont donc pas adapté l’environnement au bébé. Egalement le bébé ne s’est pas progressivement habitué à dormir contre un adulte, et n’a pas développé toutes les capacités qui peuvent lui être utiles dans ce cas de figure. Le lit partagé habituel présente donc des avantages en terme de sécurité de l’enfant par rapport au lit partagé occasionnel. Si les parents font le choix de n’adopter le lit partagé que ponctuellement, ils auront tout intérêt à toujours préparer leur lit pour y accueillir en toute sécurité leur enfant, et donc à être informés.

 

- Les autres risques

Deux cas doivent être distingués ici : le partage du lit et le partage de la chambre.
Les adultes qui dorment dans le même lit que leur enfant doivent être dans un état de vigilance normal. Or la consommation d’alcool, de somnifères, de certains médicaments ou d’hallucinogènes (cannabis, …) diminuent très nettement la vigilance. Dans ce cas, le bébé doit dormir dans un autre lit que celui de l’adulte. La prudence s’impose également quand l’adulte est suffisamment malade pour que sa capacité à se réveiller et à réagir instinctivement à certains stimuli habituels se trouve affaiblie. Le partage de la chambre reste possible dans les cas cités plus haut, à condition là aussi que l’environnement du bébé ne présente pas de risques pour sa santé. Des atmosphères enfumées, des vapeurs toxiques (peintures,…) interdisent le séjour du bébé dans la pièce. Si le bébé apprécie une atmosphère conviviale et une agitation modérée, trop de bruit, trop de lumière vive peuvent toutefois le gêner. C’est comme d’habitude l’observation attentive de l’enfant qui doit guider les parents pour adapter l’environnement à ses besoins et à ses capacités.

 

L’essentiel de la prévention des risques liés au sommeil du bébé avec un adulte

  • Avant un an le bébé devrait dormir dans la chambre des parents et être allaité

  • Le bébé doit être posé sur le dos, ne pas être recouvert par des couvertures ou couettes.

  • Si le bébé dort dans un lit d’adulte, celui-ci doit être parfaitement sécurisé : matelas adapté, chute et coincement rendus impossible.

  • Les adultes qui dorment dans le même lit qu’un bébé ne doivent pas fumer ni consommer de substances susceptibles de diminuer leur vigilance (alcool, hallucinogènes, certains médicaments).

 


 


[1] Pour une discussion complète, voir Dormir avec son bébé, éditions L’Harmattan, 2002 et Allaitement maternel et proximité mère-bébé, éditions Eres, 2003, de Nathalie Roques.

[2] On ne peut jamais parler de risque zéro. Même à l’hôpital, dans un univers hyper sécurisé et surveillé, des bébés meurent.