▌
▌ ▌
▌
Homepage
Accueil fonctions (1) fonctions (2) fonctions (3) allaitement réveils discussion (habitude) discussion (sexualité) sécurité (MSN) sécurité (accident) sécurité (récent) sécurité (conclusion)
| |
- Le sommeil
partagé : une option à défendre
-
- Dans le climat hostile au sommeil partagé qui est banal
chez nous, il me semble important pour ceux qui voudraient dormir
avec leur bébé, que cela soit de façon
ponctuelle ou toutes les nuits, comme pour les professionnels
curieux et intéressés qui souhaitent les
accompagner, de discuter les nombreux arguments opposés
à cette pratique.
-
- Mais tout d'abord, de quel comportement s'agit-il ? Ce que
nous appelons ici " sommeil partagé " recouvre en fait une
multitude de possibilités, qui vont du lit familial
(l'enfant dort dans le même lit que ses deux parents),
à la chambre familiale (l'enfant dort dans la chambre des
parents mais pas dans leur lit), en passant par le sommeil
partagé mère-bébé (le père ne
dort pas avec eux) et des situations où l'adulte
présent n'est pas un des deux parents. Ces pratiques
peuvent se succéder dans le temps, être
occasionnelles ou fréquentes. Il peut être utile de
garder en mémoire leur multiplicité dont le point
commun est d'autoriser une certaine proximité entre le
bébé et l'un au moins des adultes qui en a la
charge. Les questions relatives à la sécurité
du bébé m'ont paru d'une importance
particulière : elles sont traitées
séparément.
-
-
Il va prendre de mauvaises
habitudes
- C'est l'inquiétude la plus souvent formulée par
les parents et par les professionnels. Il convient de bien
expliciter les termes qui sont employés avant de discuter
cette sentence.
- Une habitude est un comportement qui sera adopté par la
répétition d'un même environnement ou d'une
même action, ici la présence d'un ou des deux parents
durant l'endormissement ou le sommeil.
- Nous avons vu précédemment que la
proximité de l'adulte était pour le
bébé un besoin, c'est à dire indispensable
pour son développement normal et optimal. Donc nous pouvons
assurer que dormir avec un adulte est pour le bébé
un comportement naturel faisant partie de notre patrimoine
héréditaire comme espèce animale avec de ce
fait certainement une forte composante innée. Il n'en est
pas moins vrai que la présence de l' adulte renforce le
lien qui l'unit au bébé, et que ce dernier va
s'habituer à cette présence rassurante : le
comportement sera renforcé par son propre accomplissement.
Nous avons vu que cette adaptation se lisait clairement dans
certaines données statistiques, et que ce comportement est
un processus en évolution constante, qui met en jeu des
capacités naturelles, tant chez les adultes que chez le
bébé. Il est également appelé à
se modifier, puisqu'un jour vient où le bébé
ne dort plus contre sa mère ou contre ses parents. La
durée de vie de ce comportement est très
certainement liée à des facteurs biologiques et
psychologiques spécifiques à l'être humain et
à son environnement. Une autre façon de le dire sera
de caractériser ce comportement par ses composantes
innées et ses composantes acquises.
- Dans ce sens là, oui, il est vrai qu'un
bébé qui dort avec un adulte va s'habituer à
cette proximité, tout comme il s'habitue à
téter sa mère, ou encore qu'il s'habitue à
aimer ses proches, etc. C'est tout à fait visible quand un
bébé, qui habituellement dort seul, est
exceptionnellement invité à dormir avec un adulte.
Il aura souvent du mal à dormir, tout excité par une
situation jusque là inédite.
-
- Que cette habitude ou cet apprentissage (terme moins
péjoratif) soient mauvaise est par contre tout à
fait sujet à discussion. En fait, l'inquiétude des
parents se fonde en général sur leur souci de voir
leur enfant se développer correctement ; c'est à
dire évoluer pour grandir et enfin, un jour, quitter son
nid. Cela est tout à fait légitime de leur part, et
exprime bien leur investissement auprès de leur
bébé. Mais il convient tout de même de laisser
le temps à l'enfant de se développer à son
rythme, sans brûler d'étapes. On sait aujourd'hui
qu'il est inutile et même dangereux de dresser un
bébé à être propre avant qu'il n'ait
développé certaines capacités. De même,
le langage deviendra progressivement son mode d'expression. Mais
notre société inquiète n'aime pas attendre,
et les parents donnent à la précocité trop de
crédit. Donc si l'enfant, un jour, doit dormir sans ses
parents, il n'y a pas urgence. Toute la question et la
difficulté pour les parents est bien de savoir quand et de
repérer le moment propice. Déjà peut-on les
rassurer par une simple observation : y compris dans les
sociétés où le sommeil partagé se fait
des années durant, les enfants finissent par grandir et
quitter le giron maternel.
-
- Certains auteurs n'hésitent pas à mettre en
garde les parents sur le conditionnement qu'ils imposeraient au
bébé en le laissant dormir à leurs
côtés. Certains vont jusqu'à évoquer un
" mauvais câblage du cerveau " quand les parents dorment
avec leur bébé. Les termes choisis ne laissent pas
le moindre doute quant au jugement de leurs auteurs. Non seulement
le comportement (dormir avec ses parents) est jugé comme
non souhaitable, mais toute cause biologique ou psychologique
naturelle de ce comportement est implicitement niée : seul
l'environnement est présenté comme influant sur le
comportement. L'emploi de ces termes associés au sommeil
partagé n'est pas acceptable. Il s'agit ni plus ni moins
que d'une perversion, dans le sens où c'est bien
évidemment le sommeil solitaire qui fait l'objet d'un
conditionnement, comme comportement très
éloigné des besoins naturels humains, et que c'est
lui qui nécessite un apprentissage très lourd et un
remodelage de certains schémas basiques du type "
besoin-réponse " .
- Je voudrais m'arrêter ici sur le ton utilisé par
certains scientifiques pour s'adresser aux parents. Il est
surprenant de constater que les auteurs qui souvent se
prévalent de comprendre l'être humain dans son
intimité, méconnaissent les règles
élémentaires de la communication. Depuis plusieurs
années maintenant, les méthodes éducatives
s'appuient sur une communication active entre éducateur (ou
enseignant) et éduqué (ou enseigné). Il est
essentiel pour communiquer de savoir écouter, se mettre
à la place de la personne en face de soi, reformuler les
doutes, les questions, de développer une attitude
empathique et surtout ne pas la dénigrer. Les
spécialistes du sommeil font pourtant souvent exactement le
contraire, critiquant vivement les pratiques des parents, et
présentant le comportement adapté (selon eux) dans
un style négatif des plus rebutant. "Ne pas prendre le
bébé dans les bras, ne pas le prendre dans le lit
des parents, ne
pas, ne
pas" : aucun
spécialiste en communication sur la santé n'oserait
adopter une telle démarche coercitive, le B.A.BA de la
communication étant de ne jamais employer la forme
syntaxique négative. Les parents qui dorment avec leur
bébé ne peuvent prendre ce ton que comme du
mépris.
-
- Enfin ces auteurs méconnaissent également le
besoin de l'enfant d'explorer son environnement et de créer
avec d'autres partenaires que ces parents, des liens. Car quelle
que soit la sollicitude de ses parents, l'enfant élargira
petit à petit son champ relationnel jusqu'à, un
jour, fonder sa propre famille. Or présenter le sommeil
partagé comme ne permettant pas à l'enfant de
s'ouvrir aux autres c'est croire qu'un bébé
livré à lui-même ne ferait que vouloir rester
contre sa mère. C'est en fait le contraire qui se passe :
en toute liberté, le bébé choisira de
s'ouvrir vers l'extérieur en s'appuyant sur les liens
puissants qui l'unissent à ses parents.
-
- Avez-vous enfin remarqué comme certaines habitudes sont
plus faciles à prendre que d'autres ? N'est-ce pas tout
simplement que certains comportements sont en fait directement
liés à des besoins inscrits en chacun de nous ? Il
est en effet plus facile d'apprendre à un enfant à
dormir avec ses parents qu'à dormir seul. Nulle
thérapie ou consultations nécessaires pour faire
dormir le bébé avec ses parents. Et nous ne
connaissons pas de bébé qui se mettrait à
pleurer pour aller dormir seul, loin de ses parents. Le
bébé qui s'endort une fois au sein va
développer très rapidement cette capacité
merveilleuse de pouvoir trouver le sommeil dans les bras de sa
mère. Il suffit de quelques expériences favorables
de ce type, et le pli sera pris. Quelle facilité en
comparaison du difficile apprentissage de l'endormissement
solitaire !
-
-
L'adulte qui dort avec un enfant
satisfait son propre désir
- D'une façon générale, ce sont les parents
qui façonnent le quotidien de leur bébé. Ce
sont eux qui l'attachent dans le siège auto, eux qui le
nourrissent, eux qui le posent ici ou là. Ce sont donc les
parents qui placeront le bébé dans son berceau pour
dormir, ou dans leur propre lit. Donc dans ce cadre là,
oui, les parents satisfont un désir ou une volonté
en mettant le bébé dans leur lit. Mais ce n'est pas
de cela qu'il s'agit ici. Quand les auteurs insistent ainsi sur le
désir des parents, c'est pour jeter la suspicion sur les
motivations de leur comportement. Si leur désir ou
volonté sont parfois jugés comme satisfaisants
(quand ils mènent à des actions comme attacher
l'enfant dans une voiture), ils sont parfois jugés comme
non-satisfaisants quand il s'agit de dormir avec le
bébé. Les vices de la paresse et de la luxure ne
sont pas très éloignés de ces
représentations. Faut-il se rendre la vie impossible pour
être jugé comme de bons parents ? Faut-il se lever 5
fois par nuit pour être absout par la société
? Faut-il se soustraire au plaisir du contact avec son
bébé ? Faut-il s'interdire d'éprouver du
plaisir à sentir son odeur et sa présence ? Si c'est
en partie le désir et le plaisir des parents qui les
guident dans le choix du sommeil partagé, cela ne remet
aucunement en question le bien-fondé de ce choix. Il nous
faut là nous débarrasser de préjugés
hérités de notre passé rigoriste et moraliste
à l'extrême du XIXe siècle. Et
préférer au concept de " plaisir de la chair " au
parfum sulfureux celui de " comportement d'attachement " qui est
bien évidemment le fait des parents comme celui de leur
enfant.
-
- Si le bébé pleure, c'est parce qu'il sent
l'angoisse de sa mère
- Voilà une explication qui est très souvent
utilisée pour expliquer les pleurs de l'enfant lors de
séparations. Que ce soit en déposant le
bébé à la crèche, en essayant de le
sevrer ou en le laissant seul dans son lit, les pleurs du
bébé seront bien souvent présentés
comme la conséquence de l'inquiétude de sa
mère face à la séparation. Un changement dans
le comportement du bébé (c'est à dire
l'acceptation de la séparation) ne pourra se faire avant
que la mère ne change d'attitude ou de sentiment. Le
bébé est ici totalement nié : il semble
transparent, sans aucune individualité, uniquement une "
éponge à maman ". C'est une négation
complète de son existence comme être humain avec des
besoins spécifiques. Ceci étant, que la mère
ressente une inquiétude, du déplaisir, lors de
séparations me paraît tout à fait possible. Je
pense même que cela est positif, et prouve son
investissement affectif pour son enfant. L'absence de ses
sentiments serait même inquiétante. Qu'il y ait d'une
certaine façon interaction entre la mère et son
bébé, et reconnaissance mutuelle de l'angoisse de
séparation chez l'un et chez l'autre est également
probable et tout à fait normal. Essayer de lutter contre
ces sentiments naturels est-il autre chose qu'une méthode
Coué bien simpliste ? Ce qui m'effraie est plutôt de
constater comment la séparation est devenue d'une
redoutable banalité pour les psychologues. Et de constater
la facilité avec laquelle toutes les difficultés
relationnelles sont rejetées sur les épaules de la
mère, sans jamais émettre le moindre jugement sur
l'environnement et le faible soutien dont cette dernière
bénéficie pour constituer une dyade suffisamment
soudée avec son bébé.
-
-
Il faut instaurer une
régularité et favoriser les " donneur de temps "
- Depuis le début de XXe siècle, la
régularité dans les gestes de la vie quotidienne du
bébé semble être nécessaire à
son bien-être. Ces recommandations sont reprises sous une
forme plus moderne aujourd'hui, et restent souvent
d'actualité.
- Donner un rythme régulier au bébé
(siestes régulières, heure de coucher invariante)
n'est pas toujours d'une grande utilité. Très
souvent, la vie quotidienne de son entourage va structurer la
journée du bébé et lui donner un rythme.
- De toutes façons, un enfant fatigué s'endormira
très facilement. Dans les bras de sa mère, sur
l'épaule de son père, dans la poussette, dans la
voiture. Il n'a pas besoin d'un calme parfait pour dormir, ni
même de son lit. Souvent, en laissant le bébé
dormir librement dans un environnement vivant normalement
agité, plusieurs petites siestes remplaceront la grosse
sieste qui a les faveurs de nos contemporains. Sans perturber le
bébé, au contraire : celui-ci appréciera la
proximité d'un adulte, et s'endormira très
facilement dans ces conditions.
- Cette apparente irrégularité n'empêchera
pas le bébé de dormir la nuit en même temps
que ses parents. Cela ne l'empêchera pas non plus de suivre
à sa façon le rythme de la maison (heure de lever,
coucher, heures de repas). Les " donneurs de temps " sont de toute
façon présents. Et l'enfant ne sera pas
désorganisé pas cette liberté, ni ne
désorganisera non plus son entourage. Quand il y a du
changement, le bébé peut s'adapter très
facilement à celui-ci (par exemple le week-end est
différent d'un jour de la semaine), car le repère
fondamental pour lui, plus qu'un lieu ou qu'un meuble, sera
constitué des adultes qui prennent soin de lui. Si une
sortie est programmée à une heure
déterminée, que le bébé dorme ou non
n'est pas un problème : il peut très bien dormir
dans les bras, dans le porte-bébé, etc. Combien de
jeunes parents s'interdisent inutilement de sortir pour cause de
sieste programmée, à faire obligatoirement dans un
lit ? Les choses sont en fait bien plus simples quand on ne
s'inflige pas d'inutiles contraintes.
-
- Les parents sont également très soucieux que
leur bébé acquiert le rythme jour/nuit. Ils
apprécient également de pouvoir anticiper les
périodes de sommeil et de veille de leur enfant. Il suffit
parfois de s'organiser un peu mieux pour s'adapter aux besoins du
bébé, sans stress inutile. En fait, laisser un
enfant s'endormir librement est bien plus pratique pour les
adultes que de s'obliger à suivre des rites parfois
compliqués et souvent inadaptés. L'un des
apprentissages fondamentaux que peuvent faire les jeunes parents,
est bien de suivre leur bébé et de s'adapter
à ses besoins physiologiques. Ainsi, apprendre à
profiter des moments de calmes, quand le bébé dort
par exemple, ou est éveillé sans besoin d'être
porté, est très efficace pour l'organisation de la
vie quotidienne. La souplesse permet d'économiser bien des
forces qui peuvent être mobilisées alors pour
d'autres tâches.
-
-
Dormir aux côtés d'un
adulte ne permettra pas au bébé de mettre en place
ses propres rythmes biologiques de sommeil
- Certains biologistes ont mesuré des variables
physiologiques (température du corps, taux sanguins de
certaines hormones, etc.) et ont pu observer des
phénomènes cycliques réguliers. L'un des axes
de recherche consistait à trouver des rythmes
physiologiques indépendants de l'environnement. Ainsi des
mesures ont pu être faites sur des adultes totalement
isolés, et des cycles ont été mis en
évidence (cycle de 25 heures concernant le sommeil par
exemple).
- Nos sciences modernes poursuivent leurs investigations et
participent à notre connaissance de l'être humain. Ne
leur demandons pas plus qu'elles ne peuvent nous donner. Est-ce
à ces mesures que nous devons confier notre vie quotidienne
? Si des rythmes sous-tendent notre quotidien, leur influence ne
doit pas être surestimée : ils orientent
peut-être certaines périodes de veille et de sommeil,
mais le contexte joue un rôle déterminant dont il est
très difficile de mesurer l'impact . Et déterminer
l'ensemble des tenants et aboutissants du sommeil dans le
système scientifique de la biologie (ou des règles
physico-chimiques) n'est pour l'instant pas
d'actualité.
- Toutes les recherches physiologiques citées dans la
littérature classique française concernent le
bébé qui dort seul. Donc le sommeil du
bébé dormant contre sa mère n'est pas connu
de ces scientifiques. John Mc Kenna, dont il a déjà
été question auparavant, a été le seul
à étudier en laboratoire les paramètres
physiologiques du sommeil de l'enfant quand celui-ci dort avec sa
mère. Il a observé de nettes différences au
niveau de la répartition des différentes phases de
sommeil selon l'environnement du bébé : le
bébé dormant avec sa mère a un sommeil plus
léger, et se réveille plus fréquemment que
celui qui dort seul.
- Très souvent, les scientifiques ont une idée
intime et personnelle de ce qu'est le sommeil normal du
nourrisson, et il est clair que chez nous le sommeil solitaire est
la norme pour tous. Ces représentations introduisent des
interprétations, initient des études et des types
d'observations qui sont donc fortement liées aux
préjugés des chercheurs. La peur de l'inconnu (ici
le sommeil partagé) rendra ce dernier dangereux et ne
pourra que susciter méfiance et hostilité de la part
des scientifiques.
- Les cycles de sommeil, les phases qui l'architecturent
intéressent sans doute les biologistes et les
médecins. Ils n'ont pas grand chose à nous apprendre
pour faire ce que l'homme fait depuis des milliers d'année
: dormir. Certains auteurs insistent pour que les parents
reconnaissent les différentes phases du sommeil de leur
nourrisson, dans le but d'éviter que le bébé
ne soit pris dans les bras au " mauvais moment ". Pourquoi
interdire aux mères de prendre leur bébé
quand elles en ont envie ? Sommeil agité, sommeil profond,
sommeil paradoxal, quelle importance ? A-t-on déjà
vu une mère désorganiser le sommeil de son
bébé en lui proposant de téter même
s'il n'est pas complètement éveillé (c'est
même une technique performante pour faire téter un
bébé hypotonique ou qui refuse brutalement le sein)
? Rassurons les parents : aucune connaissance physiologique n'est
nécessaire pour faire dormir un bébé. Il
n'est pas nécessaire d'apprendre à reconnaître
les bons moments pour prendre, ou non, son enfant. Et nos experts
ne devraient pas se moquer de ces jeunes mères qui, d'une
façon intuitive tout à fait justifiée et
ajustée aux besoins de leur bébé, prennent
ces derniers dans leurs bras même quand ils ne sont pas
complètement éveillés.
-
-
Certains bébés s'endorment
très bien tout seul : le sommeil solitaire est donc
naturel
- Certains bébés effectivement vont s'endormir
seul, ne réveilleront jamais leur parent, et ne demanderont
jamais rien à personne. Je ne suis pas certaine que cela
est vrai pour la majorité des bébés. De
toutes façons, de telles observations ne permettent pas de
conclure que ce comportement est naturel : nous avons vu qu'une
démarche plus ambitieuse était nécessaire
pour répondre à la difficile question de la
définition d'un comportement naturel. L'homme fait tout un
tas de chose très facilement et qui ne sont pas pour autant
naturelles (comme de donner le biberon par exemple ou de gaspiller
des sommes d'argent considérables pour se soumettre
à des contraintes inutiles).
-
- Le bébé peut se passer de téter
pendant la nuit à partir de trois mois
- Admettons que cela soit vrai, et que ne pas se nourrir pendant
8 heures d'affilée, de façon routinière, soit
possible pour le petit humain à partir d'un certain
âge sans mettre en péril ni sa survie ni sa
croissance. De tels propos semblent raisonnables car certains
bébés nourris au lait industriel et placés
dans une chambre loin de leurs parents espacent leurs prises
alimentaires de façon conséquente. Mais entre un
comportement acceptable ou supportable et un comportement
souhaitable voire optimal, il y a une différence
considérable. Enfin la nécessité pour le
bébé de se nourrir la nuit ne concerne pas
uniquement son statut alimentaire immédiat, mais
également au long cours : combien d'allaitements se
terminent chez nous par " manque de lait ", car les seins de la
mère ne sont pas stimulés suffisamment
fréquemment ? Les tétées nocturnes sont
bénéfiques à l'allaitement, et
peut-être indispensables à la croissance de nombreux
bébés . De plus, une tétée n'a pas
qu'une fonction nutritive. Il s'agit également pour le
bébé de trouver du réconfort, de stimuler ses
capacités psychosensorielles, d'interagir avec sa
mère, toutes ces raisons étant tout à fait
justifiées. Et ne disparaissent ni à 4 mois, ni
à 12 mois. Enfin nous imposons avec une étonnante
facilité aux autres, plus petits et plus faibles, ce que
nous sommes bien loin d'accepter pour nous-mêmes. Certains
bébés se retrouvent à 4 biberons par jour,
alors que les adultes qui s'en occupent multiplient (parfois sans
en avoir conscience) les prises alimentaires ou de liquides. Qui
n'a jamais bu un verre d'eau la nuit ?
-
-
Les parents doivent mettre des
limites
- Il est clair que l'une des fonctions des adultes
élevant un jeune enfant est de lui faire comprendre et
accepter certaines limites : ces limites ont comme objectif le
respect de sa propre sécurité (ne pas mettre les
doigts dans la prise de courant), le respect des autres (respecter
la propriété d'autrui), le respect de règles
culturelles et sociales (dire bonjour de telle ou telle
façon). Dormir ou non avec un adulte ne semble pas
correspondre à un de ces cas de figure.
- Si des limites sont certainement bénéfiques,
n'importe quelle limite ne l'est pas. Elles doivent toujours
respecter les besoins très particuliers du
bébé. Le discours trop généraliste ("
il faut des limites ") ne permet évidemment pas de discuter
sur des arguments suffisamment précis et solides.
-
- Les parents doivent favoriser l'autonomie de leur
enfant
- L' autonomie est chez nous un mot fétiche,
galvaudé, mal compris. Je ne voudrais pas ici
m'étendre sur la réalité d'une autonomie
apprise à coup de séparations, ni sur
l'intérêt pour notre société de
façonner des individus autonomes, en admettant qu'ils le
soient vraiment. Il nous faudrait tenter de définir ce mot
et débusquer nos représentations sous-jacentes pour
comprendre les enjeux réels qui se cachent derrière
cette survalorisation de l'autonomie précoce chez l'enfant.
Je préfère m'étonner simplement : comment se
fait-il que des enfants autonomes soient jugés capables de
dormir seuls alors que leurs parents, autonomes eux aussi, ne
peuvent imaginer passer une nuit sans leur compagnon ou compagne
? Que s'est-il alors passé pour que le bébé
autonome capable de s'endormir seul soit devenu un adulte
dépendant de la présence d'un partenaire ? Enfin
nous définissons chez nous l'autonomie comme
l'indépendance vis-à-vis des parents. Une autre
façon de considérer l'autonomie est d'insister sur
la liberté. Un bébé libre est-ce un
bébé seul dans son lit ou un bébé aux
côtés d'un adulte ?
-
- La mère et le bébé doivent "
défusionner "
- C'est un corollaire de la précédente assertion.
Je l'évoque car c'est une grande question qui revient sans
cesse chez les psychologues aujourd'hui. Leurs cabinets sont en
effet remplis de mères qui, bien qu'ayant sevré leur
bébé à 2 mois, utilisant depuis sa naissance
poussettes et landaus, le laissant régulièrement aux
bons soins de professionnels qualifiés et cherchant
à tout prix à le faire dormir dans un lit à
barreaux dans la chambre du premier, ont du mal à "
défusionner ". Pourrait-on suggérer d'aller
jusqu'à l'internat pour les bébés, afin
d'instaurer une mise à distance suffisante et d'interrompe
définitivement ces inquiétudes et ces
difficultés à se détacher ? Comment peut-on
espérer avoir des mères rassurées et
épanouies quand elles s'imposent tant de barrières
entre elles et leur bébé ? Comment comprendre la
fantastique bêtise des soi-disant spécialistes qui
invitent toujours les mères modernes à
défusionner, alors même que nous sommes
déjà dans le domaine de la " défusion " des
champions toute-catégorie ? Quand reconnaîtra-t-on
que ce sont nos modes de vie qui créent ce que nous
combattons, c'est à dire que le manque de proximité
engendre anxiété et troubles de la séparation
? Et que répondre à ces difficultés de
séparation en augmentant la difficulté pour encore
plus de séparation est un délire partagé par
tous nos spécialistes ? Il est urgent de reprendre nos
esprits, et, au contraire, d'encourager les mères à
fusionner enfin dans une sérénité
retrouvée. Sinon nous courons le risque de dissoudre le
lien mère-enfant, ce qui serait bien évidemment une
solution à tous ces problèmes, et malheureusement
très certainement ce vers quoi tendent de nombreux
thérapeutes, de façon inconsciente bien
entendu.
Suite
|