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2. Les études sur les décès par suffocation

Aux Etats-Unis, les données extraites de certificats de décès ont été analysées pour évaluer les causes de décès accidentelles de jeunes enfants en situation de sommeil (c’est-à-dire pendant leur sommeil ou des périodes où ils sont censés dormir). Entre 1990 et 1997, Nakamura (1999) analyse les décès de 515 nourrissons de moins de deux ans sur des lits d’adulte aux Etats-Unis. Dans 121 cas le décès est associé au recouvrement par un partenaire et concerne 69 nourrissons de 1 mois ou moins et 22 nourrissons âgés de 1 à 2 mois. La même année, Drago (1999)  publie les résultats de son étude sur les décès de 2178 nourrissons de moins de 12 mois par suffocations aux Etas-Unis entre 1980 et 1997, soit une période de 18 ans. La première cause de décès est le coincement (entre matelas et mur, matelas et cadre de lit, …) et concerne 879 cas, dont 423 (48%) âgés entre 3 et 7 mois. La deuxième cause est l’obstruction des voies respiratoires, avec 512 cas dont 249 (49%) âgés entre 3 et 7 mois. Enfin la troisième est le recouvrement par un partenaire et concerne 180 cas, dans 121 cas (67%) le nourrisson était âgé de moins de trois mois.

Ces deux études montrent que les cas associés au recouvrement par un partenaire concernent pour une grande majorité des nouveau-nés âgés de moins de 3 mois, alors que les décès par obstruction des voies respiratoires et coincement concernent avant tout des nourrissons dans la tranche 3 mois - 7 mois.

 

Toujours aux Etats-Unis, Scheers (2003) compare les décès par suffocation de nourrissons selon l’endroit où ils dorment à deux périodes distinctes : 513 cas de 1980 à 1983, et 883 cas de 1995 à 1998. Pour ces deux périodes de 4 ans, plusieurs causes de suffocation étaient détaillées. La plus importante en nombre de cas est le coincement (tableau 4), la seconde le recouvrement par un partenaire, la troisième le recouvrement par des accessoires.

 

 

Berceau

Lit adulte

Canapé

 

1980

1990

1980

1990

1980

1990

 

n

%

n

%

n

%

n

%

n

%

n

%

Coincé

144

75,0%

64

59,8%

89

58,6%

188

48,1%

11

33,3%

31

28,2%

Recouvert partenaire

1

0,5%

0

0,0%

7

4,6%

70

17,9%

3

9,1%

33

30,0%

Recouvert accessoire

5

2,6%

24

22,4%

8

5,3%

23

5,9%

1

3,0%

8

7,3%

Plastique

10

5,2%

4

3,7%

13

8,6%

23

5,9%

1

3,0%

1

0,9%

Autre

6

3,1%

2

1,9%

27

17,8%

21

5,4%

10

30,3%

4

3,6%

Strangulation

13

6,8%

8

7,5%

2

1,3%

2

0,5%

0

0,0%

0

0,0%

Non spécifique

13

6,8%

5

4,7%

6

3,9%

64

16,4%

7

21,2%

33

30,0%

TOTAL

192

 

107

 

152

 

391

 

33

 

110

 

 

Tableau 4. Asphyxie accidentelle aux USA

 

Les auteurs utilisent alors les résultats d’une enquête menée sur les types d’arrangements nocturnes aux Etats-Unis (Willinger, 2003) pour établir le risque relatif qu’il y a de dormir avec un partenaire en comparaison avec le sommeil solitaire, en ce qui concerne la suffocation accidentelle telle que définit ici. Les auteurs concluent en soulignant que, pour les nourrissons, dormir avec un partenaire représente un risque par rapport à dormir dans un berceau, puisque pour les nourrissons de moins de 8 mois dormant dans un berceau le risque de décéder calculé est de 0.63 (0.49-0.79) pour 100 000 nourrissons, et pour les nourrissons dormant avec un partenaire il est de 25.5 (22.8-28.2) pour 100 000 nourrissons.

 

Dans ces études, aucune information n’est donnée, ni sur l’état de la literie utilisé, ni sur la consommation éventuelle de substance diminuant la vigilance dans le cas de recouvrement par un partenaire, ni sur la nature de ce partenaire (parent, enfant, autre).

 

La seule cause qui soit spécifique du partage de lit avec un partenaire est le recouvrement par celui-ci. Les chiffres bruts donnés dans ces trois études montrent que très peu de nourrissons décèdent de cette façon quand ce nombre est comparé au nombre de naissances aux USA (tableau 5).

 

 

Référence

Nombre de cas de décès dû au recouvrement par un partenaire

Période de l’étude

Naissances (millions)*

Taux de décès dû au recouvrement pour mille naissances

Nakamura (1999)

121

1990-1997

31.945

0.0038

Drago (1999)

180

1980-1997

69.45

0.0026

Scheers (2003)

10

1980-1983

14.56

0.0006

Scheers (2003)

103

1995-1998

15.61

0.0065

 * : d’après www.cdc.gov/nchs/

 Tableau 5. Recouvrement par un partenaire aux USA

 

En 1999, le nombre d’accidents pour des enfants de moins de un an était de 845 et le nombre de MSN de 2648 (chiffre publié par l’OMS). Le nombre de décès par recouvrement est très faible, et son traitement statistique impossible.

 Ces publications ont suscité de très nombreuses critiques et des contre-analyses ont été publiées (Kimmel, 2002 ; O'Hara M, 2000 ; Grossman, 2000).

 

3. Les études qui rassemblent MSN et autres décès

Certaines études ont analysé les décès de nourrissons dus à plusieurs causes : MSN, suffocation, etc. Les décès des enfants âgés de moins de deux ans habitant St Louis et les environs ont été colligés durant 4 années, de 1994 à 1997. Les décès par MSN (nourrisson âgés de moins de 1 an), suffocation, asphyxie due à la position ou de cause indéterminée ont été analysés (Kemp, 2000). 119 cas ont été analysés, tous âgés de moins d’un an. Aucune information sur la tabagie maternelle n’a été collectée. Pour 111 de ces cas, des informations sur la surface de sommeil étaient connues. Dans 7 cas, le nourrisson a été recouvert pas un partenaire (3 aînés, 2 pères, 2 mères).

Cette même étude a détaillé l’appartenance ethnique (Noirs et Autre). Parmi les 65 nourrissons décédés en dormant avec un partenaire, 13 dormaient avec leur mère seule (Unger, 2003). Les auteurs évoquent également des facteurs de risque supplémentaires présents, comme des accessoires de literie, une intoxication maternelle, sans donner de chiffres. Ils insistent alors dans leur conclusion pour que les nourrissons soient placés dans des berceaux pour dormir.

 

Citons encore deux autres études qui analysent les décès de nourrissons en fonction de leur localisation au moment du décès. En Australie du Sud, Beal (2000) analyse les décès de 701 nourrissons, sur une durée de 25 ans, de 1973 à 1997. Dans 610 cas, le nourrisson est mort de MSN, dans 48 cas, d’accident, dans 17 cas d’accident probable et dans 26 cas de blessure accidentelle ou désordre métabolique. Le lieu du décès est également relevé (berceau, lit d’adulte, matelas, canapé, etc.). En conclusion, les auteurs proposent de donner des informations aux parents pour que le partage du lit soit sûr. En Floride, Thogmartin (2001) analyse les décès de 217 nourrissons (de 1986 à septembre 1999). Pour 33.3% des 81 nourrisson mort aux côtés d’un partenaire, la position était inconnue, alors que ce n’était le cas que pour 7.4% des 121 nourrissons dormant seuls. L’auteur conclue à une augmentation du risque en cas de partage du lit, en reconnaissant que d’autres études sont nécessaires pour confirmer ce résultat.

 

Pour terminer, Byard (1998) analyse tous les morts subites et inattendues ayant eu lieu en Australie du Sud en 1996. Parmi 28 cas, 3 ont été retrouvés dans le lit de la mère pendant ou après une tétée au sein. Les trois cas sont détaillés dans la publication. L’auteur reconnaît que l’hypothèse de la MSN ne peut pas être exclue, mais les circonstances l’amène à considérer ces décès comme une asphyxie accidentelle en liaison avec l’allaitement maternel. Dans deux des 3 cas, l’âge du nourrisson est connu : 1 mois pour le premier, 9 semaines pour le second. Dans les trois cas le nourrisson a été placé auprès de sa mère dans la nuit (il avait commencé la nuit ailleurs). Dans deux cas, une très grande fatigue maternelle est évoquée (dans le premier cas, le bébé est placé dans le lit par un autre membre de la famille, la mère ne se réveillant pas complètement). Dans un cas le bébé était retrouvé sous les couvertures, la mère ne se souvenait pas l’avoir pris dans son lit car son premier réflexe a été de le chercher dans son berceau. A priori, il ne s’agit pas de nourrissons qui dormaient de façon habituelle ni toute la nuit dans le lit de leur mère, mais plutôt d’un partage du lit « réactif » (conjugaison de la fatigue de la mère et de la demande du nourrisson).

Suite (discussion)

Références