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Il y a un risque de relations incestueuses
Notre société a eu le courage d'évoquer l'inceste et les actes de pédophilie. Autrefois sujet tabou, des adultes qui ont souffert dans leur enfance de tels évènements ont pu s'exprimer, des enfants ont pu clamer leurs douleurs. La sexualité adulte ne peut se concevoir qu'entre adultes consentants. L'enfant n'a aucun rôle à tenir ici.
Les éthologues, comme Boris Cyrulnik par exemple (150), ont montré qu'il ne pouvait y avoir de relations sexuelles entre partenaires ayant une relation d'attachement. Ainsi en est-il de la femelle chimpanzé avec son fils : il y a pour les deux partenaires une inhibition induite par le lien d'attachement qui les unit. Ceci étant, remarquons que de toutes façons, chez les espèces animales non-humaines, il n'y a jamais de relations sexuelles entre un adulte et un petit .
Donc, chez l'homme, les relations incestueuses entre un adulte (souvent le père) et sont enfant sont doublement extraordinaires puisqu'il y a relation sexuelle entre un adulte et un enfant, d'une part, et que cet enfant se trouve être son descendant, d'autre part.
Il est probable que les pères incestueux n'ont pas développé de relation d'attachement suffisante pour rendre la relation sexuelle avec un de leur enfant impossible. Il est clair que de nombreux autres facteurs doivent jouer également, entre autre l'histoire personnelle du père et notamment la relation avec ses propres parents, pour expliquer notamment l'attirance de cet adulte pour un très jeune enfant. Des adultes très perturbés, dont la sexualité ne peut s'exprimer que sur des modes pervers, sauront toujours créer les situations leur permettant d'assouvir leurs pulsions. La question qui nous préoccupe ici est de discuter de l'association possible entre le sommeil partagé et les relations incestueuses. Si partager le lit de son enfant développe l'attachement entre l'adulte et l'enfant comme je le pense, le sommeil partagé n'est pas un facteur de risque pour des relations incestueuses, au contraire. Le sommeil partagé n'intervient pas plus dans l'étiologie des comportements incestueux que le fait de partager la même salle de bain, de se faire des câlins, et de vivre ensemble sous le même toit, dans une intimité familiale ordinaire. Je ne connais pas d'étude ayant démontré un quelconque lien entre sommeil partagé et actes incestueux.
 
Les " psy ", et tout particulièrement les psychanalystes, ont parfois une lecture particulière des écrits de S. Freud. Celui-ci a été le premier à évoquer l'existence d'une sexualité infantile. Le complexe d'Œdipe est bien connu de tous, mais de structure inconsciente il est devenu sous la plume de certains une réalité dans l'imaginaire des enfants. Ainsi pouvons-nous rencontrer des illustrations caricaturales de maman en robe de mariée au bras de son fils ou au contraire de papa dans le lit de sa fille. Certains psychanalystes n'hésitent pas à présenter cette période très féconde et chahutée de l'inconscient des jeunes enfants comme propice à un passage à l'acte aux conséquences destructrices évidentes. Le désir de relations sexuelles avec un adulte est parfois même évoqué (151). Les pleurs incessants des enfants sont interprétés alors comme une tentative plus ou moins consciente de séparer ses parents . L'enfant est supposé nourrir un désir inconscient permanent de prendre une place qui n'est pas la sienne, de façon tellement prégnante que de nombreux actes en découlent. Ce devrait être alors le moment pour les parents de définir clairement la position de chacun dans la famille, en se fondant essentiellement sur l'interdit de relations sexuelles entre deux générations consécutives . De là à en conclure qu'il convient de séparer l'enfant de ses parents, car ils risquent tous de se retrouver sur ce terrain dangereux de la sexualité réalisée et de mélanger abominablement les générations, il n'y a eu qu'un pas bien vite franchi. Les psychanalystes n'hésitent pas à brandir le spectre de frottements des corps, des sexes qui se touchent, d'excitations partagées plus ou moins contrôlées, qui bien naturellement rebutent les parents. En partant au départ de l'idée que la sexualité se construit dès la naissance, on aboutit après bien des exagérations à l'image d'un bébé diablotin à la limite de la perversité . C'est vrai que les psychologues sont tellement obsédés par l'idée du couple parental à protéger et de la sexualité génitalisée, seul mode relationnel digne d'intérêt et structure de base de toute relation , qu'ils en viennent à exprimer en terme de recherche de sexualité toute recherche de proximité. C'est une très grave erreur que d'évoquer la sexualité génitalisée aussi légèrement (c'est à dire sans preuve) à tout propos. Les perturbations que ces discours engendrent sont importantes et malheureusement les dégâts sont irrémédiables : les représentations que se font les parents de leur relation avec leur enfant comme de ses besoins sont à jamais polluées par des images de relations sexuelles pédophiles qui trouvent dans l'inconscient des adultes un terreau fertilisant. Jouer sur ce registre me semble être une faute professionnelle grave.
Ce point de vue donne à croire que l'humanité toute entière a vécu des moments de promiscuité terribles, et que l'être humain ne doit son salut qu'à la psychanalyse selon l'interprétation d'une poignée d'intellectuels. De deux choses l'une : ou bien ils ont raison, et l'humanité est malheureusement contaminée par des comportements qui ne peuvent mener qu'à la catastrophe (mais on peut se demander comment elle a pu survivre des milliers d'années) ; ou bien ils ont tort et doivent revoir leur théorie pour qu'elle s'adapte enfin à la réalité humaine. A mon avis, la fascination qu'exerce la sexualité sur certains psychanalystes doit être sérieusement questionnée. Peut-être serait-il temps d'apporter des arguments et de permettre la vérification des thèses développées qui ne paraissent pas compatibles avec ce que nous pouvons observer notamment dans le comportement nocturne des humains. Les sciences humaines comme l'éthologie et l'ethnologie me paraissent ici indispensables pour parvenir à développer un discours cohérent.
Une explication s'ajoute à ces remarques, bien plus pragmatique celle-là, et permet de comprendre la profonde aversion que certains " psy " ont pour le sommeil partagé : ils ne l'ont jamais expérimenté. C'est donc entre autre par ignorance qu'ils imaginent cette proximité comme une promiscuité malsaine et ambiguë, ne connaissant eux-même pas d'autres relations charnelles que des relations sexuelles, et construisant des théories sur leurs propres fantasmes.
 
La sexualité des parents est perturbée
La question se pose dans le cas du bébé qui dort dans le lit des parents, ou tout simplement dans leur chambre. Faire l'amour à côté du bébé est-il perturbant pour les parents ? Pour le bébé ? C'est certainement ce qui s'est passé pendant des milliers d'année. Seuls les psychanalystes modernes et riches habitent dans des maisons aux nombreuses pièces correctement insonorisées qui permettent aux parents de mettre le bébé à distance visuelle et auditive pour s'ébattre en toute liberté. Faut-il vraiment faire semblant de croire qu'il est tout à fait possible pour des parents de rendre leurs ébats totalement invisibles et silencieux ? Tous les enfants ont un jour ou l'autre entendu, vu (ou deviné en partie) leurs parents faire l'amour. Si pour certains psychanalystes cela semble être de l'ordre de l'horreur (on a entendu parlé de " scène primitive " intolérable), ils sont sans doute les seuls à s'arracher les cheveux.
Un bébé qui dort ne gênera pas beaucoup ses parents. Il ne sera pas non plus perturbé en entendant ses parents faire l'amour.
Comme nous l'avons dit en préambule, le sommeil partagé concerne toute une série de pratique, entre autre le lit familial. Il est possible que d'autres solutions satisfassent mieux le désir d'intimité des parents. Un bébé endormi peut être momentanément posé dans un berceau ; les parents peuvent faire l'amour ailleurs que dans leur lit. Avec un peu d'imagination et de bonne volonté, une solution pourra être trouvée. L'amalgame permanent entre nuit et sexualité est particulier à notre culture. Un peu de décontraction faciliterait grandement notre vie quotidienne.
 
Les parents ne peuvent pas avoir d'intimité (ou de " vie à eux ")
Nous avons l'habitude d'être à proximité de nos bébés lors de leurs périodes d'éveil et de nous séparer d'eux lors des périodes de repos. Les bons moments passés avec son enfant seraient donc les moments de jeux, de découverte, d'apprentissage volontaire exigeant une attention soutenue. Observons des mères africaines qui allaitent leur bébé : elles n'y attachent que fort peu d'attention, et continuent leurs activités (préparer le repas, discuter avec ses voisines, …). Leur bébé qui tète est également absorbé par la contemplation d'un jeu entre enfants plus âgés. Tout en assurant à leur bébé une proximité rassurante, elles poursuivent leur activité d'adulte. Tout ce passe un peu comme si cette proximité totale autorisait que chacun vive sa vie. Donc contrairement à ce que l'on pourrait penser, une proximité corporelle constante autorise la poursuite d'activité spécifique de l'adulte. Celui-ci sera même très disponible, car intérieurement totalement rassuré par la présence de son bébé. Un nouveau-né qui dort dans le porte-bébé ne sera pas un obstacle pour ses parents qui souhaitent par exemple se promener.
J'ai parfois l'impression que le couple parental moderne est l'objet de toute l'attention, de tous les soins qui normalement sont dévolus au bébé. Un peu comme si c'était lui, le couple, le bébé dans toute cette histoire. Un peu comme si les parents immatures étaient encore à la recherche du sein de leur mère, de la fusion complète avec l'autre. Au bébé il sera demandé d'attendre sagement, de prendre sur lui et d'accepter bien vite des règles de vie qui ne sont pas de son âge. Nous ne réglerons pas le problème du divorce en écartant le bébé de ses parents : les sociétés où le bébé dort seul sont également celles qui connaissent des taux de séparation record.